Au village de Boko, dans la préfecture de Vo, les femmes transformatrices de noix de coco en huile vivent une véritable révolution dans leur activité grâce à l’introduction de la mécanisation. Soutenues par le projet WACA ReSIP (West Africa Coastal Areas Resilience Investment Program), financé par la Banque mondiale, elles participent à un sous-projet axé sur le développement économique durable et la préservation écologique. Cette initiative vise à transformer leur quotidien tout en renforçant la résilience de la communauté face aux défis environnementaux.
Autrefois freinées par des méthodes artisanales longues et éprouvantes, ces femmes utilisent désormais des broyeurs modernes. Ces équipements augmentent non seulement la productivité, mais aussi la qualité de l’huile de coco, leur permettant de répondre à une demande croissante. La production, autrefois laborieuse, est aujourd’hui plus rapide, plus hygiénique et nettement plus rentable. « Avant, la fabrication de l’huile de coco se faisait de manière traditionnelle, mais la machine a facilité le travail de nos mamans », témoigne Simon Bado, trésorier du collectif villageois Civibozo, en charge de l’opérationnel du projet.
L’appui ne se limite pas à l’équipement. En complément des broyeurs, les femmes ont reçu des contenants, des étiquettes et des emballages pour valoriser leurs produits sur le marché. Par ailleurs, un programme de reboisement a été lancé pour sécuriser l’approvisionnement en noix de coco. Environ 10 hectares de cocotiers ont été plantés, garantissant ainsi la durabilité de cette ressource indispensable.
Grâce à ce projet, les transformatrices de Boko voient leur activité non seulement modernisée, mais aussi inscrite dans une dynamique de développement durable qui profite à l’ensemble de la communauté.« Grâce au reboisement, nous avons pu restaurer les galeries autour du lac Boko Zowla, essentielles à l’écosystème de la région », explique Yao Komi, coordonnateur-adjoint de WACA ReSIP au Togo. Le reboisement, réalisé dans le cadre de l’approche HIMO (haute intensité de main-d’œuvre), engage activement les femmes dans les plantations de cocotiers, renforçant leur sentiment d’appartenance et leur autonomie.
Cependant, le projet doit faire face à des défis économiques, notamment la hausse du prix des noix de coco due à l’arrivée de commerçants extérieurs, ce qui affecte directement la rentabilité des activités.« La noix de coco coûte désormais beaucoup plus cher, ce qui a un impact direct sur la rentabilité », indique M. Wilson Anani Golou, directeur exécutif de l’ONG Avotode, qui soutient les transformatrices. Pour surmonter ces difficultés, la stratégie repose sur le renforcement de l’autonomie locale. Cela passe par le soutien à l’agriculture biologique et par l’expansion du reboisement, permettant aux femmes de réduire leur dépendance aux fournisseurs externes. Ces efforts visent à stabiliser l’approvisionnement en matières premières tout en soutenant la durabilité de leurs activités.
Malgré ces obstacles, les résultats sont encourageants. À Boko, les femmes ne sont plus simplement des transformatrices de noix de coco, mais elles jouent désormais un rôle clé en tant qu’actrices du développement durable dans leur communauté. Selon l’équipe de pilotage du projet, cette transformation illustre l’importance de soutenir des initiatives conjuguant écologie et développement économique durable. Comme le souligne Yao Komi, « il est crucial que nous continuions à investir dans des projets qui apportent des changements tangibles », une vision qui, à Boko, a guidé toutes ces interventions.
Pour rappel, le projet WACA, lancé en 2019, bénéficie d’un financement global de 55,5 millions de dollars, apporté par la Banque mondiale, le Fonds pour l’environnement mondial, et l’État togolais, afin de renforcer la résilience des populations littorales au Togo et dans le sud du pays. Plus récemment, un financement additionnel de l’Agence française de développement, d’un montant d’environ 29 milliards FCFA, a permis d’étendre les activités du projet jusqu’en 2026.