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Vincent Bolloré poursuivi pour corruption au Togo

La justice française poursuit l’homme d’affaires Vincent Bolloré pour des soupçons de corruption liés à l’obtention de la gestion des ports de Lomé (Togo) et Conakry (Guinée). Cette affaire, qui remonte à 2013, implique également Gilles Alix, ancien directeur général du groupe Bolloré, et Jean-Philippe Dorent, directeur international chez Havas, une filiale du groupe.

Depuis 2013, le groupe Bolloré est dans le viseur de la justice française. Les autorités suspectent que Bolloré aurait utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Euro RSCG (devenue Havas) pour obtenir frauduleusement la gestion des ports africains. Les soupçons s’étendent à la campagne électorale de Faure Gnassingbé au Togo, où Bolloré aurait joué un rôle majeur.

En février 2021, Vincent Bolloré et ses co-accusés avaient reconnu les faits et accepté une amende de 375.000 euros dans le cadre d’une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC). Cependant, la juge Isabelle Prévost-Desprez avait refusé d’homologuer cet accord, renvoyant le dossier à l’instruction. Elle avait toutefois homologué une convention judiciaire d’intérêt public (CJIP) permettant au groupe Bolloré de payer une amende de 12 millions d’euros en échange de l’abandon des poursuites.

Décision de la Cour de Cassation et Nouveaux Développements

Vincent Bolloré a contesté cette décision jusqu’en cassation, arguant une atteinte à sa présomption d’innocence. Cependant, en novembre 2023, la Cour de cassation a validé la procédure, ouvrant la voie à un nouveau procès pénal. Un recours a été déposé devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

Lundi dernier, le Parquet National Financier (PNF) a requis un procès pour corruption active d’agent public étranger contre Vincent Bolloré et Gilles Alix, pour abus de confiance contre Alix, et complicité de cette infraction contre Bolloré et Dorent.

Détails des Réquisitions

Les procureurs financiers estiment que Vincent Bolloré suivait personnellement les activités du groupe au Togo et qu’il avait engagé le groupe dans la campagne électorale de Faure Gnassingbé. Bolloré serait également intervenu dans le recrutement de Patrick Bolouvi, demi-frère du président togolais, comme directeur général de Havas Media Togo. En échange de ce « pacte de corruption », le groupe Bolloré aurait bénéficié de divers contrats, dont la gestion du port de Lomé, ainsi que d’avantages fiscaux.

Réactions et Perspectives

L’affaire a suscité de nombreuses réactions. Me Alexis Ihou, avocat des candidats malheureux à la présidentielle togolaise de 2010, s’est réjoui de cette demande de renvoi, soulignant que Bolloré avait tenté à plusieurs reprises d’entraver la justice. Les associations Sherpa et Anticor ont également salué le réquisitoire.

En 2022, le groupe Bolloré a vendu sa branche logistique en Afrique à l’armateur italo-suisse MSC, une division employant plus de 20.000 personnes dans plus de 20 pays africains.

Les avocats de Vincent Bolloré, Mes Céline Astolfe et Olivier Baratelli, continuent de contester les accusations, qualifiant le dossier de « juridiquement vide » et dénonçant la non-validation de la CRPC comme un « faux pas » privant leurs clients d’un procès impartial.

La décision finale sur la tenue du procès revient maintenant au juge d’instruction financier Serge Tournaire. Si le procès a lieu, il pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la corruption et les pratiques frauduleuses des entreprises multinationales en Afrique.

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