L’Alliance nationale pour le changement (ANC) a officialisé sa décision de ne pas siéger à l’Assemblée nationale. Jean-Pierre Fabre, président national de l’ANC, élu le 29 avril dernier dans le Golfe, a affirmé que ni lui ni ses co-listiers ne prendront place au sein de l’hémicycle. Cette décision a été justifiée lors d’une conférence de presse, soutenue par un mémorandum, où Fabre et son bureau exécutif ont expliqué que l’ANC privilégiait l’intérêt du peuple avant toute carrière politique.
L’ANC ne siègera pas à la 7ème législature de la Vè république. Le parti d’opposition conteste tout le processus électoral, qu’il juge vicié dès le départ. Selon le parti, les élections se déroulent de manière parfaitement synchronisée, et ont été marquées par le vote en secret d’une nouvelle constitution en pleine campagne électorale. Initialement, le processus électoral devait se dérouler sous la constitution de 1992, mais celle-ci a été modifiée et remplacée par une nouvelle constitution promulguée le 6 mai dernier.
Pour l’ANC, contraindre la nouvelle Assemblée nationale élue sous la constitution de 1992 à fonctionner selon la nouvelle constitution est une aberration juridique et intellectuelle. « Nul ne saurait obliger l’opposition à siéger à cette Assemblée au prétexte que c’est le peuple qui l’y a envoyé. Car le Peuple n’a envoyé personne à l’Assemblée nationale sous l’égide d’une constitution perfide qui ne le concerne pas et encore moins pour aller siéger en application de la nouvelle constitution du Togo, question d’un coup d’Etat constitutionnel ubuesque », a déclaré le parti.
Jean-Pierre Fabre et ses collègues n’ont pas pas évoqué les autres partis d’opposition, tels que l’ADDI et la DMP, qui ont choisi de siéger à l’Assemblée nationale. Toutefois, ils estiment qu’à l’ANC, l’intérêt supérieur du peuple premier sur tout. « L’engagement politique de chacun le concerné. Notre carrière ne détermine pas le choix de nos actions politiques pour le Togo. Ce que je considère être l’intérêt du peuple est au-dessus de ma carrière », a affirmé Fabre.
Dans son mémorandum, l’ANC s’engage à combattre ce qu’elle qualifie de « double imposture » : la « mascarade électorale » du 29 avril 2024 et la « constitution pirate » du 6 mai 2024, qui existent en deux versions dont l ‘une omet le chapitre relatif au président de la République.
Le parti s’engage à dénoncer sans relâche « les violations permanentes de la constitution, des lois et des droits humains, l’arbitraire et la duplicité, la falsification et le mensonge, la violence gratuite et l’impunité, les inégalités, les visées ségrégationnistes et le tribalisme au Togo. »
Jean-Pierre Fabre a réitéré que l’ANC reste, plus que jamais, engagé aux côtés des populations togolaises pour maintenir la résistance, poursuivre la lutte et libérer le pays des griffes de la dictature.
