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Togo: « des élèves escaladent la clôture du cimetière pour aller fumer »

Au Togo, la consommation de substances psychoactives s’est aujourd’hui généralisée, touchant même les adolescents et les élèves. Ce phénomène inquiétant prend une ampleur alarmante à Lomé, la capitale togolaise, où des élèves abandonnent les cours pour s’adonner à la consommation de drogues, notamment le cannabis, selon une enquête de BBC.

La consommation de substances psychoactives dans les écoles est devenue un véritable problème de société au Togo. Dans des quartiers comme Bè-Kpota, les élèves escaladent les murs de leurs établissements scolaires pour aller fumer du cannabis dans des lieux insolites comme les cimetières.

Isidore Kouwonou et Nicolas Agbossou de la BBC ont mené une enquête révélant l’ampleur du problème. Dans le bidonville de Bè-Kpota, des jeunes consomment du cannabis au bord de la lagune de Bè. Les habitants du quartier rapportent que ces jeunes, souvent des élèves, sont visibles, les yeux mi-clos, incapables de bouger après avoir consommé de la drogue.

Le quartier de Bè-Kpota est particulièrement touché par ce fléau. Là-bas, les jeunes appellent le cannabis « anaké » (bois de chauffe) en mina, la langue locale. Chaque quartier de Lomé utilise des noms de code pour désigner le cannabis, brouillant ainsi les pistes et rendant la tâche plus difficile aux autorités et aux parents.

Ces endroits où les jeunes se procurent et consomment de la drogue sont nombreux dans la capitale. Les enseignants se trouvent souvent démunis face à ce phénomène. Clarisse Mensah, enseignante au CEG Nyékonakpoé, décrit ces jeunes comme un véritable casse-tête, nécessitant une gestion délicate tout en essayant de leur inculquer des valeurs.

Richard, surnommé le « grand-frère » du quartier de Bè-Kpota, témoigne que la drogue est accessible dès 100 FCFA, un prix dérisoire qui facilite l’accès aux substances psychoactives pour les jeunes. Même les élèves en uniforme scolaire ne se cachent plus pour consommer, escaladant les clôtures des cimetières pour fumer.

Mme Touré Khadidja Cathérine, présidente de l’ONG Recherche, Action, Prévention et Accompagnement des Addictions (RAPAA), souligne que ce phénomène est un problème de santé publique. Depuis 2013, RAPAA intervient pour limiter l’addiction aux substances psychoactives, offrant prévention et accompagnement.

Selon Mme Touré, la consommation de ces substances augmente parce que l’offre est de plus en plus disponible et les substances de moins en moins chères. Le cannabis est la drogue la plus consommée, mais les jeunes consomment également du crack, de la cocaïne, des amphétamines, et détournent des médicaments de leur usage normal.

Un sondage mené par RAPAA en 2020 révèle que de plus en plus de jeunes et de femmes consomment des substances psychoactives et des boissons énergisantes. La composition de ces boissons est souvent inconnue, mais elles sont perçues par les jeunes comme des moyens d’augmenter leur force physique et sexuelle, malgré les effets nocifs sur leur santé physique et mentale.

La situation à Lomé nécessite une action urgente et coordonnée. Les autorités, les enseignants, les parents et les organisations de la société civile doivent collaborer pour sensibiliser les jeunes aux dangers des drogues et offrir des alternatives positives.

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