La liberté d’expression au Togo est de nouveau mise à l’épreuve avec l’arrestation de trois jeunes ayant exprimé leur opinion sur la nouvelle Constitution sur TikTok. Ces derniers ont dénoncé, à demi-mot, certains aspects de la gouvernance du pays et comparé l’absence d’alternance politique au Togo avec l’élection récente de Bassirou Diomaye Faye au Sénégal.
Les trois jeunes interpellés devaient comparaître ce jeudi matin devant le Tribunal de Première Instance de Première Classe de Lomé. Mais contre toute attente, ils n’ont pas été amenés au tribunal.
Informés de leur arrestation et de l’audience prévue, plusieurs leaders d’organisations de la société civile (OSC) se sont rendus au Palais de justice pour exprimer leur soutien aux trois jeunes. Parmi eux se trouvaient Prof David Dosseh du Front Citoyen Togo Debout (FCTD), Edem Attiogbe de Novation Internationale, Julienne Koudossou, présidente des Femmes Pyramide, et l’artiste engagé Ras Ly.
« Nous nous sommes sentis interpellés par cette situation inqualifiable dans laquelle se retrouvent trois jeunes togolais qui ont tout simplement exprimé une opinion sur les réseaux sociaux, une opinion partagée par la majorité du peuple togolais, et qui se retrouvent aujourd’hui dans les bras de la justice », a déclaré Prof David Dosseh.
Les représentants des OSC ont vivement critiqué ce qu’ils considèrent comme une utilisation injuste de la justice pour réprimer la liberté d’expression. Prof David Dosseh a souligné que « ces enfants ont simplement osé s’exprimer, et ce n’est pas un crime ». Il a ajouté : « Si ce sont là les belles promesses de la Ve République, alors là nous avons vraiment des soucis à nous faire dans ce pays. On nous avait dit que la nouvelle Constitution allait nous permettre de réaffirmer nos droits fondamentaux, une meilleure justice… Pour le moment, ce qu’on voit ne nous encourage pas du tout ».
Les OSC ont également dénoncé la promptitude de la justice à intervenir pour ce qu’ils qualifient de « délit d’opinion », tout en restant silencieuse sur des affaires plus graves. Prof David Dosseh a mentionné les cas des « deux enfants tués à Togblékopé en 2018 dont les corps sont toujours à la morgue », soulignant que les familles continuent de réclamer justice sans obtenir de réponse.
Il a été révélé que certains des jeunes arrêtés devaient passer le Probatoire, qui débute le mardi 28 mai. Leur arrestation non seulement compromet leur droit à l’éducation, mais pose également des questions sur l’application équitable de la loi.