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Togo – Révision constitutionnelle: lettre ouverte des enseignants chercheurs au président Faure Gnassingbé

Faure G. Togo GGGi

Faure G. Togo GGGi

Au Togo, les réactions continuent de se multiplier depuis l’annonce du projet de révision constitutionnelle par un groupe de l’Assemblée nationale. Après les partis politiques et les organisations de la société civile, c’est le tour des enseignants chercheurs des universités publiques d’exprimer leur préoccupation à propos d’une telle initiative. Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé, ils soulignent les défis majeurs du pays, notamment dans l’éducation, la santé et l’économie, déplorant la gestion actuelle et appelant à la préservation de la stabilité nationale.

Dans cette missive, les enseignants chercheurs ont exposé un tableau critique de la situation actuelle du Togo. Ils ont mis en avant les dysfonctionnements du système éducatif, déplorant le manque de formation des enseignants et le déficit en ressources pédagogiques pour les élèves. De même, ils ont souligné les difficultés rencontrées dans le secteur de la santé, caractérisé par un favoritisme dans la sélection des étudiants en formation et une gestion défaillante des centres sanitaires.

« Monsieur le Président de la République, le Togo traverse une situation très difficile que vous êtes censé mieux connaître que n’importe lequel des citoyens. L’éducation n’est plus ce qu’elle était dans notre pays. Les enfants sortent complètement défigurés. Ils ne sont ni formés aux connaissances scientifiques et encore moins aux valeurs citoyennes. Les enseignants qui ont la charge de nos élèves ne sont pas non plus formés pour la tâche. De plus, nos élèves n’ont pas entre les mains les ressources pédagogiques et didactiques nécessaires pour évoluer vers le savoir. Ceci est vrai à tous les niveaux de notre système éducatif. Pire, les UPT sont devenues d’énormes pouponnières où chaque année arrivent des dizaines de milliers d’apprenants dont les plus chanceux sortiront avec un diplôme mais sans compétences avérées« , déplorent les signataires de la lettre.

Sur le plan économique, les enseignants chercheurs ont pointé du doigt l’inefficacité des politiques publiques, soulignant l’absence de soutien aux initiatives entrepreneuriales et le détournement présumé des recettes publiques. Ils ont également dénoncé le manque de transparence dans la communication des résultats, mettant en lumière la réalité contrastée derrière les chiffres avancés par les autorités.

Plus encore, les enseignants chercheurs ont exprimé leurs inquiétudes quant à la tentative en cours de modification du régime politique du pays. Ils ont mis en garde contre les risques d’instabilité et de désunion nationale que pourrait engendrer une telle initiative, appelant le président Faure Gnassingbé à user de ses prérogatives pour empêcher cette manœuvre parlementaire.

« Monsieur le Président de la République, depuis les évènements de 1963 et les péripéties de 1990 et de 2005, les solutions politiques proposées pour assurer à notre pays sa stabilité institutionnelle n’ont pas prospéré. Aujourd’hui, le Togo, tel un serpent, se mord la queue et tourne en rond. La preuve en est cette tentative en cours de changer le régime politique au Togo. Aucun régime ne prendra, si nous ne faisons pas du Togolais, le but ultime de la politique publique. Rien de bon ne se fera sans le Togolais et contre le Togolais« , ont-ils ajouté.

Pour les enseignants chercheurs des universités publiques, ce dont ont besoin les Togolais, c’est la liberté, la justice et la sécurité pour créer les ressources essentielles de leur développement. « Donner des prétextes et créer les conditions du délitement de la cohésion nationale dans un contexte d’insécurité sous régionale, de pauvreté et d’incertitude, c’est prendre le risque de partir en aventure avec huit millions d’êtres humains. Ce risque, nous espérons, vous ne le prendrez point et nous comptons sur votre discernement pour épargner au peuple togolais cette aventure dans laquelle certains parlementaires veulent le conduire« , lit-on dans la lettre.

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