Au moins 11 personnes sont décédées dans l’incendie qui a touché ce lundi Conakry, la capitale guinéenne, après l’explosion du principal dépôt de carburant du pays, qui a entraîné la fermeture des écoles et administrations.
Selon les informations rapportées par le média guinéen Espace TV, citant la protection civile, le bilan à mi-journée serait de 88 blessés dont 15 femmes, avec 11 cas de décès. Les blessés arrivent par dizaines dans deux des principaux hôpitaux de Conakry, Ignace Deen et Donka », avait affirmé à l’AFP, peu après le drame, le docteur Mamadouba Sylla, un chirurgien qui travaille à l’hôpital de Donka.
L’onde de choc a été ressentie jusqu’en banlieue de Conakry, dans la nuit de dimanche à lundi. L’explosion s’est produite peu après minuit, près du port de Conakry et a été suivie d’un gigantesque incendie. Le sinistre est survenu dans le dépôt d’hydrocarbures de la Société guinéenne de pétrole, situé à Kaloum, dans le quartier de Coronthie. Les habitants du quartier de Coronthie, le plus touché par la déflagration, décrivaient des scènes apocalyptiques, des toits soufflés, des maisons qui se seraient effondrées. Une immense colonne de flammes et fumée s’élevait du bout de la presqu’île de Kaloum, dans la capitale guinéenne, en début de matinée.
Le président du Conseil national de transition (CNT), l’organe législatif mis en place par les militaires au pouvoir depuis 2021, Dansa Kourouma, a confirmé que cet incendie avait causé « de nombreux dégâts y compris des pertes en vie humaine ». « En attendant les enquêtes diligentées par le gouvernement pour connaître les causes exactes de l’incendie ainsi que le bilan humain et matériel de ce drame, j’appelle le peuple de Guinée à la solidarité et à la prière pour la nation en ces moments de dure épreuve », a déclaré le chef de la junte Mamadi Doumbouya dans un texte publié sur sa page Facebook.
Le gouvernement a annoncé la fermeture des écoles et demandé aux travailleurs du secteur public et privé de rester chez eux dans le grand Conakry, comprenant la capitale et ses environs.
Le feu est toujours actif lundi en fin de matinée dans la zone portuaire, même s’il a baissé en intensité. Des dizaines de véhicules de la protection civile et des camions de la SEG (société des eaux de Guinée) sont présents.
Le gouvernement invite les populations « des zones limitrophes » du sinistre à « s’éloigner du site pour non seulement leur propre sécurité mais également permettre aux services d’opérer en toute sécurité ».
La zone portuaire est bouclée par les forces de sécurité, qui ont érigé des barrages filtrants sur plusieurs kilomètres. Une forte odeur de carburant brûlé se dégage du lieu sinistré.
Les stations-service vont rester fermées et « dans les prochaines heures, un bilan d’étape sera communiqué et une enquête sera ouverte pour situer les causes et les responsabilités », selon le gouvernement.
« C’est un bruit assourdissant qui nous a réveillés, on était déjà endormis. Nous qui logeons près du Marché Niger, les vitres de notre habitation et celles de nos voisins ont été cassées. On est parvenu à nous éloigner de l’endroit », a confié à l’AFP une habitante de Kaloum, sous le choc.
Nous avons entendu une forte détonation qui nous a projetés par terre sans rien comprendre de ce qu’il se passait », a aussi raconté à l’AFP Marietou Camara. Elle a poursuivi: « nous nous sommes contentés de prières espérant avoir les faveurs de Dieu. D’autres n’ont pas cherché à comprendre, préférant prendre la direction de la banlieue ».
Le quartier portuaire, habituellement bondé, a des allures de ville morte lundi matin. Des dizaines de personnes ont quitté le centre-ville pendant la nuit, les autres se terrent dans leur habitation. « Le courant est complètement coupé dans le secteur », a assuré à l’AFP Thierno Diallo, qui s’est présenté en tant que douanier.
La Guinée est dirigée depuis septembre 2021 par une junte dont le chef est le colonel Mamadi Doumbouya qui a renversé le président Alpha Condé.