Mardi soir, la Cour d’assise de Paris a rendu son verdict dans le procès de Sosthène Munyemana. Il a été condamné à 24 ans de prison. Alors que le parquet avait requis une peine de trente ans de réclusion criminelle.
Sosthène Munyemana a été reconnu coupable, mercredi, de génocide, de crimes contre l’humanité et de participation à une conspiration visant à préparer ces crimes.
Le médecin s’était installé en France juste après le génocide et une première plainte avait été déposé contre lui en 1995. Puis, en 2008, le Rwanda avait émis un mandat d’arrêt contre lui, mais la cour d’appel de Bordeaux avait refusé de l’extrader. Ce n’est qu’en 2011 qu’il avait été mis en examen en France. Hier, le parquet avait requis une peine de trente ans de réclusion criminelle.
Ce mardi 19 décembre, face au jury, Sosthène Munyemana a prononcé quelques mots pour se défendre une dernière fois. Il a affirmé n’avoir jamais prêté allégeance à qui que ce soit lors du génocide des Tutsi et avoir cherché à sauver des vies. « Avec mes voisins et mes collègues, nous nous sommes opposés de notre possible face à l’indicible », a-t-il déclaré d’un ton posé, avant d’exprimer sa compassion aux familles des victimes. Et de se présenter lui-même en victime en évoquant les tutsi exterminés au sein de sa belle-famille.
« En fait, ce qu’il a fait comme geste de sauvetage a été interprété comme un geste de cruauté en fait, et ça, c’est révoltant. Moi, ça me révolte. » Déclare son épouse Fébronie Muhongayire, après le verdict de la cour.
Pour Simon Foreman, l’un des avocats des parties civiles, interrogé par RFI avant ce verdict, les victimes avaient besoin que la justice tranche entre la version de Sosthène Munyemana et celle de ses clients. « Vous avez deux camps vraiment inconciliables sur qu’est ce qui s’est passé sur cette colline de Tumba, estime-t-il. Vous avez un accusé qui dit qu’absolument tout le monde ment. Et vous avez des gens qui ont perdu leur famille entière et qui sont accusés en plus de mentir. »
L’avocat a également rappelé qu’une trentaine de dossiers étaient en cours d’enquête chez les juges d’instruction.« La France a été très accueillante avec les responsables du génocide en 1994-1995. Donc, il y aura encore d’autres procès, c’est certain ».