Ce mercredi, le Programme alimentaire mondial (PAM) a prévenu de la « catastrophe alimentaire » qui guette le Soudan s’il ne parvient pas à distribuer une aide alimentaire vitale aux personnes prises au piège de la guerre, qui ravage le pays depuis huit mois.
« Si l’aide alimentaire à destination des personnes piégées dans les zones où les combats sont les plus intenses, la capitale Khartoum, le Darfour (ouest) et le Kordofan (sud), n’augmente pas de manière significative d’ici la période qui précède les récoltes en mai, ces zones pourraient sombrer dans un état de catastrophe alimentaire », a prévenu le PAM dans un communiqué.
Le 15 avril, le chef de l’armée, le général Abdel Fattah al-Burhane et son second, le général Mohamed Hamdane Daglo, patron des très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), ont retourné leurs armes l’un contre l’autre.
Ces huit mois de guerre ont fait 12.000 morts d’après l’ONU, un chiffre sûrement très sous-estimé tant des zones entières du pays sont coupées du monde. En l’absence de récoltes satisfaisantes ainsi que des déplacements de population dus au conflit -sept millions de déplacés y sont recensés par l’ONU-, la faim menace d’emporter des pans entiers du pays.
Une famine « catastrophique » risque de s’abattre sur les états du Darfour, où l’ONU soupçonne un « génocide », et sur ceux du Kordofan, autre région où les combats sont intenses mais aussi la capitale, Khartoum, où les premiers tirs ont eu lieu le 15 avril, toujours inaccessible alors que des millions d’habitants y sont toujours piégés.
Le nombre de Soudanais souffrant « d’une faim aiguë a plus que doublé en un an », atteignant « 18 millions » de personnes, alerte le PAM. Le pays, autrefois considéré comme le « grenier de l’Afrique de l’Est », a enregistré, selon une récente étude du PAM les « plus hauts niveaux de faim enregistrés pendant la saison des récolte (d’octobre à février), habituellement une période durant laquelle le plus de nourriture est disponible ».
Dimanche, la patronne des opérations humanitaires de l’ONU au Soudan tirait la sonnette d’alarme sur le sort des 20 millions des quelque 48 millions de Soudanais, soit plus de 40% de la population, auxquels son organisation n’a aucun accès, et prévenait que l’aide humanitaire pourrait cesser faute de fonds.
« L’ensemble des parties au conflit doivent permettre une pause humanitaire et garantir un accès sans entrave (à l’aide) afin d’éviter une catastrophe », a prévenu jeudi Eddie Rowe, le directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) au Soudan. Mais asseoir les deux camps à la table des négociations est toujours un objectif lointain.