Contraint à l’Exil après le « jeudi noir », les évènements du 20 octobre 2022, Succès Masra le principal opposant au régime militaire du Gal Mahamat Idriss Déby Itno est rentré au Tchad le 3 novembre dernier. Il s’est entretenu avec le président de la transition ce lundi 20 novembre 2023 à la présidence avec la facilitation de Kinshasa.
Plus d’une année après les évènements du 20 octobre 2022, M. Masra a foulé à nouveau la terre des Sao le 3 novembre 2023 après la signature d’un accord de « réconciliation » avec le régime du Gal Déby Itno Mahamat. A un meeting ce dimanche 19 novembre à Ndjamena, il a appelé ses partisans à l’ « apaisement » et aussi à la « réconciliation » leurs conseillant de ne pas « réclamer vengeance »
A presque un mois d’un référendum constitutionnel, beaucoup voient dans ces recommandations de Succès les termes d’un arrangement politique. Pour ce qui est de sa position en ce concerne ce scrutin, l’opposant a prévu la révéler à un deuxième meeting ce 25 novembre à Moundou et Abeché, le jour officiel du début des campagnes.
Succès Masra aurait-il oublié les sinistres évènements du « jeudi noir » ?
En effet, il y a un an de cela environ, une effroyable répression d’une manifestation pacifique contre le régime militaire de Idriss Itno Déby considéré comme illégitime par tous les partis qui y prenaient part, a secoué N’Djamena. Cette journée a marqué la conscience historique du peuple tchadien. Des centaines de cadavres ensanglantés de jeunes encore dans la fleur de l’âge, d’autres incarcérés manu militari pour avoir osé dénoncer un coup d’état constitutionnel, des journalistes exécutés dans l’exercice de leur fonction qui est de couvrir cette barbarie, bref Ndjamena fut le théâtre d’une brutalité sans pareille.
Comment Succès Masra peut-il envisager une réconciliation alors qu’il a signé un accord qui prévoit une « amnistie générale » pour tous les responsables des meurtres de manifestants du 20 octobre alors que les responsabilités n’ont même pas été situées jusqu’à ce jour ? Comment peut-il parler de paix alors que des parents dont les enfants ont été enlevés depuis 2022 restent sans nouvelles ? Masra aurait-il monnayé ses convictions contre un retour au Tchad sans être inquiéter alors que les autres leaders d’opposition sont encore en Exil aujourd’hui ?
Pour certains cadres de l’opposition, c’est sans équivoque, M.Masra ce serait rallié au pouvoir pour des visés électoralistes en 2024 et ses appels au calme et à la réconciliation ne seraient que des tentatives de duperie. Max Kemkoye, le président de l’Union des démocrates pour le développement et le progrès dénonce cet « accord » car selon lui, il servirait à « soustraire à la poursuite les criminels(…) qui ont tué en masse, torturé, enlevé et fait disparaître les jeunes le 20 octobre 2022 »
Succès Masra a-t-il trahi ses partisans du 22 octobre, sa détermination s’est-il émoussé ou cet accord n’est pour lui qu’une manœuvre politique pour faire son retour au pays et remobiliser les troupes ? A ce stade, rien n’est moins sûr puisqu’il déclarait aussi dans son discours du 19 novembre que : « La réconciliation n’est pas une capitulation. »