Ce jeudi, des affrontements entre police et un groupe chiite nigérian pro-iranien protestant contre l’incursion israélienne à Gaza ont fait un mort et plusieurs blessés à Kaduna dans le nord du Nigéria.
Des centaines de membres du Mouvement islamique du Nigeria (IMN) sont descendues dans les rues de la ville jeudi, portant des drapeaux palestiniens et des mannequins représentant des enfants morts, en signe de solidarité avec le peuple palestinien et dénonçant Israël dans la guerre qui l’oppose au Hamas depuis le 7 octobre. Des images vues par l’AFP montrent des policiers armés lançant des grenades lacrymogènes et tirant en l’air pour disperser les manifestants qui ont répliqué en jetant des pierres sur la police.
« La police a ouvert le feu sur notre manifestation pacifique en solidarité avec la Palestine, tuant l’un de nos membres et blessant plusieurs autres « , a déclaré à l’AFP Aliyu Tirmizi, porte-parole de l’IMN. « Nous ne faisions qu’exercer notre liberté d’expression, garantie par la Constitution, et nous ne faisions de mal à personne, ce n’était pas une provocation « , a ajouté M. Tirmizi.
Un porte-parole de la police de Kaduna a confirmé le décès, mais l’a imputé aux manifestants de l’IMN, qu’il a accusés d’être armés. « Une personne a été tuée, mais elle ne faisait pas partie des manifestants. Il s’agissait d’un vendeur de poulets qui se tenait à proximité de la police lorsque les manifestants armés l’ont tué « , a déclaré Mansur Hassan, porte-parole de la police de Kaduna. « Toute manifestation de l’IMN est illégale car ce groupe est interdit par le gouvernement « , ajoute M. Hassan.
L’IMN, inspiré par la Révolution islamique en Iran à la fin des années 1970, est aujourd’hui encore proche de Téhéran et rencontre une grande hostilité au Nigeria, où l’élite musulmane sunnite ne cache pas ses affinités avec l’Arabie saoudite. Le mouvement a été interdit par les autorités nigérianes en 2019. Ses manifestations ont souvent été organisées à Abuja, en particulier à la suite de l’arrestation de leur chef religieux Ibrahim Zakzaky qui a été détenu avec son épouse entre 2015 et 2021, après que des violences ont éclaté pendant une procession religieuse à Zaria (nord) qui avaient fait environ 350 morts.