La justice kényane a reporté en mai prochain l’affaire du meurtre d’une jeune femme de 21 ans, mère d’une fille, présumément tuée en 2012 par un militaire britannique de la formation BATUK. Ce report intervient au moment de l’ouverture des premières audiences dans le tribunal de Milimani à Nairobi ce mercredi 29 novembre 2023.
Les faits remontent à l’année 2012 où le corps sans vie d’Agnes a été retrouvé dans la fosse septique d’un hôtel à Nyanyuki dans le centre du pays. Elle avait été aperçue la veille avec un militaire britannique. Pour la petite histoire, depuis l’indépendance du Kenya en 1963, l’ancienne puissance coloniale britannique a conservé une base, l’Unité de formation de l’armée britannique au Kenya (BATUK), dans les faubourgs de Nyanyuki, à environ 150 kilomètres au nord de la capitale Nairobi.
Pour faire la lumière sur cette affaire, une enquête, dont personne ne connaît les conclusions à ce jour a été lancée en 2019. Deux ans plus tard, c’est hebdomadaire Britannique The Sunday Times qui relance l’affaire avec la diffusion de plusieurs témoignages de militaire britannique qui affirmaient avoir entendu les aveux de leur camarade mis en cause le soir même des faits et que ce dernier leur aurait montré le corps. Ce meurtre aurait ensuite été dénoncé auprès de la hiérarchie militaire sans que cette dernière ne lui en donne suite. Néanmoins, c’est suite à ces révélations que la police kényane a annoncé rouvrir l’enquête susmentionnée.
Une première audience sur cette affaire se tenait devant un tribunal de Nairobi ce mercredi qui a décidé de renvoyer l’affaire jusqu’au mois de mai de l’année prochaine. Selon Esther Njiko, la nièce de Agnes Wanjiru, les autorités essayeraient d’étouffer l’affaire et que la vérité et la justice ne les préoccuperaient guère. « C’est vraiment traumatisant de voir ce que fait le gouvernement. Il joue avec nous et n’essaye pas d’obtenir justice. Ils profitent du fait que nous soyons pauvres, alors que tout ce que nous voulons, c’est que justice soit rendue. » a-t-elle déclarée.
Dans un document transmis au tribunal consulté par l’AFP, le colonel britannique Andrew Wilde, membre de BATUK, rappelle que « BATUK est une unité de l’armée britannique qui fait partie du ministère de la Défense du gouvernement britannique ». Et annonce que « le gouvernement britannique, en tant qu’État souverain, ne consent pas à se soumettre à la juridiction de cet honorable tribunal ». En réaction à ces raccourcis, l’avocat de la famille de AgnesWanjiru, Me MbiyuKamau peste « L’armée britannique estime qu’elle n’a pas à être jugé au Kenya, mais on se pose la question : où a eu lieu le crime ? Nos cours sont parfaitement capables de tenir ce procès. Nous sommes déçus par le bureau du procureur qui fait tout pour éviter de porter devant les tribunaux ces personnes qui ont commis un crime. »
Il convient de souligner que l’avocat de l’Unité de formation militaire britannique au Kenya n’a pas répondu aux correspondants lorsque ces derniers l’ont contacté.