Sécurité

RDC: après le massacre à Goma, un colonel condamné à mort

Ce lundi 02 octobre, six militaires congolais accusés d’avoir ouvert le feu sur plus d’une cinquantaine de manifestants d’une secte religieuse le 30 aout dernier ont été jugés. L’un a été condamné à la peine capitale, qui n’est plus appliquée dans le pays, trois autres à dix ans de prison.

Le colonel Mike Mikombe a été condamné à mort par la justice militaire, qui le jugeait pour cette intervention qui, le 30 août à Goma, a tué 57 civils, selon le dernier bilan officiel. Trois autres militaires ont été condamnés à dix ans de prison, et deux ont été acquittés.

Les avocats des condamnés, qui avaient plaidé l’acquittement, ont annoncé leur intention de faire appel. La peine capitale est souvent prononcée en RDC, mais n’est plus appliquée depuis vingt ans. Elle est systématiquement commuée en prison à perpétuité.

Vendredi, dans son réquisitoire, l’auditeur supérieur, qui représente le ministère public, n’avait pas requis la peine de mort mais la prison à perpétuité contre le colonel Mike Mikombe, principal accusé. La cour n’a pas retenu l’accusation de  » crime contre l’humanité » mais celle de « meurtres ». Le ministère public avait également requis des peines allant de dix à vingt ans pour les cinq autres accusés.

Durant le procès, le colonel Mike Mikombe, a fait savoir qu’il avait été induit en erreur par le commandant de la 34e région militaire qui présentait les individus qui manifestaient contre la Monusco comme étant des supplétifs des rebelles du M23 et de l’armée rwandaise.

Depuis le 5 septembre, les six militaires (dont deux officiers supérieurs) de la garde républicaine devaient répondre de cette opération meurtrière lancée contre une secte religieuse qui avait appelé à manifester contre la présence dans la région des Nations unies (ONU), de la force régionale d’Afrique de l’Est et d’ONG internationales. Cette intervention avait entraîné un regain de tensions à Goma, au cœur d’une région en proie aux violences de groupes armés et aux rébellions.

Après les faits, le gouvernement avait rapidement annoncé des arrestations de militaires et promis que justice serait faite. Le procès n’a toutefois pas permis de répondre à toutes les questions sur les circonstances de la tuerie.

Le ministre de l’intérieur, Peter Kazadi, avait déclaré que la garde républicaine était intervenue en représailles au lynchage d’un policier par des adeptes de la secte. Or, les témoins, parmi lesquels deux colonels, ont affirmé à l’audience que l’opération avait été lancée avant la mort du policier. Les mêmes témoins ont aussi affirmé qu’avant la tuerie, des négociations entre l’armée et les fidèles avançaient bien, mais qu’au milieu des discussions les militaires avaient ouvert le feu sur les adeptes désarmés.

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