Le procureur a requis 20 ans de prison ferme avec confiscation de ses biens contre Mohamed Ould Abdel Aziz, poursuivi pour enrichissement illicite, abus de pouvoir et blanchiment d’argent.
« Tous les éléments entre les mains de la justice prouvent la constitution d’un crime », a souligné le magistrat Ahmed Ould Moustapha. « L’accusé Mohamed Ould Abdel Aziz a accumulé une très grande fortune que ses revenus légaux ne peuvent justifier. Il exerçait des activités commerciales incompatibles avec ses fonctions de Président de la République. Tout cela constitue un enrichissement illicite condamné par la loi », a-t-il ajouté.
Il a aussi réclamé la confiscation des biens de l’ancien chef d’Etat. M. Aziz, 66 ans, a entendu sans broncher les réquisitions prononcées contre lui.
« Il mérite cela parce que les crimes sont très graves et très clairs. Les preuves sont accablantes. Toutes les preuves sont là pour qu’il obtienne la peine maximale. Un président de la République qui utilise des procédures pour s’enrichir et qui utilise les biens d’une association d’utilité publique pour se faire sa maison et acheter des immeubles, c’est un crime « , commente Me Vadili Raiss, avocat de la partie civile.
Mais ce réquisitoire est vivement contesté par les avocats de la défense de l’ancien chef d’État. « Dans ce dossier, il n’y a que des auditions et nous n’estimons pas que des auditions peuvent permettre de relever des crimes économiques. C’est un dossier qui est monté de toutes pièces donc on s’attend à tout mais nous estimons que nous sommes suffisamment armés sur le plan juridique pour démanteler toutes les demandes qui fondent les réquisitions du parquet « , assure Maître Taleb Kyar.
M. Aziz a dirigé de 2008 à 2019 ce pays charnière entre l’Afrique du nord et l’Afrique subsaharienne, secoué naguère par les coups d’Etat et les agissements jihadistes mais revenu à la stabilité sous sa direction quand les troubles gagnaient dans la région.
Il répond depuis le 25 janvier avec dix autres personnalités, dont deux anciens Premiers ministres, d’anciens ministres et des hommes d’affaires, des chefs d' »enrichissement illicite », « abus de fonctions », « trafic d’influence » ou « blanchiment ».
Mohamed Ould Abdel Aziz, fils de commerçant, se serait constitué un patrimoine et un capital estimés à 67 millions d’euros au moment de son inculpation en mars 2021. Il est l’un des rares ex chefs d’Etat à répondre devant la justice d’enrichissement illicite dans l’exercice du pouvoir.
Ses pairs jugés par les justices nationale ou internationale le sont surtout pour des crimes de sang, tel, ailleurs en Afrique de l’Ouest, l’ancien dictateur guinéen Moussa Dadis Camara, à la barre depuis septembre 2022.