Les vétérans de la rébellion Mau Mau, sévèrement réprimée par les colons britanniques dans les années 1950, réclame justice et reconnaissance du roi Charles lll avant sa prochaine visite.
Agé de plus de 90 ans, Gitu Wa Kahengeri a mené un combat pour libérer le Kenya de la puissance coloniale britannique. Il dirige la principale association d’anciens combattants de la rébellion Mau Mau. Sa vie a été marquée par sept ans travaux forcés et de torture.
Ce nonagénaire redouble d’efforts dans sa quête d’excuses et compensations du gouvernement britannique avant la visite du roi Charles III au Kenya (31 octobre-3 novembre).
« Nous nous sommes battus pour être libres parce que les colons s’étaient emparés de toutes les terres fertiles », explique t-il dans un entretien à l’AFP. « Les traitements cruels infligés aux Africains par l’administration coloniale, je fais partie de ceux qui les ont subis », ajoute-t-il.
En 1946, Gitu Wa Kahengeri a rejoint les rangs des Mau Mau, mouvement qui s’est lancé dans la lutte armée en 1952. L’ancien combattant attend de pied ferme la visite du roi Charles III au Kenya, et imagine déjà sa rencontre avec le souverain anglais : « La première question que je lui poserais (au roi Charles, ndlr), c’est pourquoi vous avez gardé le silence lorsque vos sujets tuaient des gens, emprisonnaient des gens, détenaient des gens au Kenya, en les qualifiant de terroristes. Alors qu’en fait, ils n’étaient pas des terroristes, mais des combattants de la liberté pour la libération de leur pays ».
Quelques mois après le début de la révolte, le Premier ministre britannique Winston Churchill a déclaré l’état d’urgence, ouvrant la voie à une répression brutale.
Des dizaines de milliers de personnes ont été raflées et détenues dans des camps où, selon de nombreux témoignages, exécutions, tortures et passages à tabac étaient fréquents. En 1953, Gitu Wa Kahengeri a été arrêté avec son père et envoyé sur l’île de Manda à des centaines de kilomètres de sa région natale.
De 1952 à 1960, au moins 10 000 Mau Mau ont perdu la vie, torturés et exécutés sans procès par les autorités coloniales britanniques.
Des dizaines de milliers de Kényans – dont beaucoup n’avaient aucun lien avec les rebelles – ont subi des traitements atroces (torture, mutilations sexuelles…) de la part des forces britanniques.
Selon Buckingham le roi Charles III et la reine Camilla ont promis de « reconnaître les aspects les plus douloureux » de l’histoire coloniale, lors de leur visite au Kenya le 31 octobre.