Ce mardi, un tribunal kényan a prolongé une décision de justice qui suspend le déploiement d’un millier de policiers kényans en Haïti, pays plongé dans le chaos et la violence des gangs. Un déploiement prévu dans le cadre d’une mission soutenue par l’ONU.
Ce 24 octobre 2023, la cour de justice kényane a pris la décision de suspendre le déploiement de policiers kényans en Haïti jusqu’à nouvel ordre. Au début du mois, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé le Kenya à prendre la tête d’une force multinationale pour aider Haïti à lutter contre les gangs criminels. La décision du gouvernement kényan de déployer des policiers en Haïti a suscité de nombreuses interrogations et critiques dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Peu après, le parti kényan d’opposition, Thirdway Alliance, a saisi la justice pour s’y opposer. Il estime que ce déploiement est anticonstitutionnel.
La cour de justice kényane avait donné 15 jours aux parties pour rendre leurs arguments.
Pour le moment, seuls les plaignants et le procureur général ont rendu leurs remarques. Celles de la police, du ministère de l’Intérieur, du rapporteur de l’Assemblée nationale sont toujours attendues. Pour Charles Mitenga, avocat des plaignants, ils jouent la montre pour mieux s’imposer : » Les ordres de la cour ne sont pas suivis. À l’heure où nous parlons, 200 policiers kényans se trouvent en Haïti en reconnaissance. Certains s’entraînent même là-bas. L’autre partie se comporte comme s’il n’y avait pas d’ordre de la cour. «
Emmanuel Bitta, le procureur général, estime quant à lui que ce sujet relève du Parlement et non de la justice : « La prolongation de la suspension risque de poser un problème de juridiction, car la cour et le Parlement vont se marcher sur les pieds. Nous pensons que, selon la Constitution, le Parlement reste la première instance. »
Un argument auquel le juge Enock Mwita n’a pas été sensible. Il maintient ses ordres et la suspension du déploiement kényan jusqu’à ce que l’affaire soit jugée : » Cette cour a été saisie du dossier bien avant toute autre juridiction. Cela n’aurait aucun sens qu’elle se mette de côté et suspende ses ordres. Alors, nous ne ferions qu’un exercice académique. C’est en tout cas mon point de vue. » L’audience aura été repoussée pour le 9 novembre.