Ce lundi, la monnaie kenyane a connu un nouveau plus-bas historique, à 150 shillings pour un dollar, venant aggraver la situation économique de ce pays d’Afrique de l’Est lourdement endetté et en proie à l’inflation, selon des données de la Banque centrale.
La dépréciation du shilling kényan s’est accélérée depuis un an, perdant près de 24% de sa valeur face au dollar. Selon la Banque centrale du Kenya, un dollar se vendait à 150 shillings lundi, même si certaines banques commerciales et bureaux de change le négociaient déjà à ce prix, voire davantage, ces dernières semaines.
Ce nouveau plus-bas résulte notamment du renforcement de la monnaie américaine, en raison de la récente crise au Moyen-Orient « qui pousse les investisseurs vers des actifs refuges » et des rendements élevés des bons du Trésor américain, estime Ken Gichinga, économiste en chef au cabinet d’analyse Mentoria Economics.
Cette dépréciation rend les importations plus onéreuses et vient alourdir le poids de la dette kényane, qui s’élevait à plus de 10.100 milliards de shillings (64,4 milliards d’euros) fin juin, selon les chiffres du Trésor, soit environ deux tiers du produit intérieur brut.
Son remboursement, notamment envers la Chine, devient plus coûteux pour le gouvernement, qui devra également commencer à rembourser en juin 2024 un « eurobond » (« euro-obligation) de 2 milliards de dollars (1,88 milliard d’euros).
Elu en août 2022, le président William Ruto a introduit une série de hausses d’impôts et nouvelles taxes censées augmenter les recettes de l’Etat et redonner des marges de manœuvre au pays.
Mais ces mesures pèsent lourd sur le pouvoir d’achat, suscitant incompréhension et mécontentement dans la population alors qu’il avait promis durant la campagne présidentielle d’atténuer les difficultés financières des Kényans les plus pauvres.
L’économie kényane a été sérieusement ébranlée par le Covid, puis l’onde de choc de la guerre en Ukraine et une sécheresse historique dans la Corne de l’Afrique.
La croissance économique a ralenti à 4,8% l’année dernière, contre 7,6% en 2021, et les prévisions de croissance pour 2023 s’annoncent inférieures à 2022.
Si l’inflation a ralenti (+6,8% sur un an en septembre), les prix de l’essence, de denrées alimentaires de base et de l’énergie restent élevés.