La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC-Togo) s’est récemment retrouvée sous les feux des projecteurs suite à des propos injurieux tenus envers le Président béninois, Patrice Talon, sur la chaîne togolaise Direct 7. Alors que le Bénin exprimait son indignation et appelait à une intervention de la HAAC-Togo, cette dernière a choisi de se référer strictement à la loi, affirmant ainsi son autonomie et son indépendance, des choses souvent reprochées à son homologue béninois.
Récemment, le Président Patrice Talon a été victime d’injures sur une télévision togolaise appelée Direct 7. Il est traité de gayman par un invité de ce média. Suite à cela, des voix se sont levées au Bénin pour dénoncer le fait et demander à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication HAAC -Togo d’engager des poursuites judiciaires contre le média en question.
Dans un communiqué officiel daté du 18 août, la HAAC-Togo a refusé d’accéder à cette demande, citant les dispositions légales en vigueur. Selon l’article 167 du Code de la presse et de la communication, toute offense publique envers les chefs d’État étrangers est passible d’une amende allant de 2 000 000 à 5 000 000 de francs CFA. Cependant, l’article 66 de la Loi organique relative à la HAAC stipule que, à l’exception de certains délits, toute personne peut saisir la HAAC pour une violation de la législation en matière de presse en vue d’un règlement à l’amiable.
De plus, l’article 176 du même code précise que les poursuites pour crimes et délits commis par voie de presse sont du ressort du ministère public, sauf dans certains cas spécifiques. Pour les offenses envers les chefs d’État étrangers, les poursuites ne peuvent être engagées que sur demande des personnes offensées, adressée au Ministère des Affaires Étrangères et de la Coopération, qui la transmet ensuite au ministère de la justice.
Les poursuites pour offense ou outrage envers les chefs d’Etat étrangers, les membres d’un gouvernement étranger, les chefs de missions et les membres du corps diplomatiques accrédités au Togo auront lieu sur demande des personnes. offensées ou outragées. La demande est adressée au Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération qui transmet au ministère de la justice…..
Face à ces dispositions, il appartient aux autorités béninoises, si elles le jugent nécessaire, de porter plainte contre Direct 7 par voie diplomatique. La HAAC-Togo, tout en rappelant son indépendance vis-à-vis de toute autorité ou pression, a affirmé qu’elle ne peut, en l’état actuel des choses, interpeller Direct 7 pour diffamation.
Une « honte » pour le Bénin ?
Jadis connu pour être un pays de libre expression, le Bénin est depuis peu traîné dans la boue par ses autorités politiques en amorçant une chute libre dans le classement de Reporters sans frontières et en devenant la risée de ses voisins immédiats, dont le Togo. La décision de la HAAC togolaise met en lumière l’importance cruciale du respect des protocoles et des lois en matière de communication et de presse, ainsi que la nécessité impérative pour les institutions de rester neutres, impartiales et indépendantes face aux pressions extérieures.
En se référant strictement à la loi, la HAAC-Togo a démontré sa capacité à résister aux pressions extérieures, y compris celles venant du Bénin. Cette position ferme vise certainement à donner une belle leçon au Bénin sur le respect des procédures et leur faire comprendre que cela est essentiel dans un pays qui se dit démocratique.
De plus, l’indépendance des institutions médiatiques face aux pressions extérieures est essentielle pour préserver leur capacité à agir comme un contrepoids aux abus de pouvoir et aux injustices. Lorsque les médias sont influencés ou contrôlés par des intérêts particuliers, ils risquent de perdre leur objectivité et de devenir des véhicules de propagande, au détriment du droit du public à être informé de manière honnête et fiable.