Le président du Rwanda Paul Kagamé a appelé ses concitoyens à éviter de se rendre en Ouganda voisin, dénonçant des mauvais traitements qu’ont subi les rwandais dans ce pays. Une déclaration qui met en évidence le caractère très tendu des relations entre les deux pays.
Les relations entre l’Ouganda et le Rwanda continuent de se dégrader malgré les apparences. Lors d’un entretien accordé à la télévision d’Etat, le président rwandais Kagamé, a accusé l’Ouganda d’avoir illégalement arrêté et torturé ses ressortissants. « Il n’y a qu’une seule façon d’éviter ce problème, en n’y (en Ouganda) allant pas », a conseillé Paul Kagamé à ses ressortissants comme solution pour éviter des problèmes.
« N’y allez pas, parce que si vous traversez la frontière et qu’ils vous arrêtent et vous battent ou vous volent et que vous revenez, que voulez-vous que je fasse », a souligné le président rwandais. « C’est un autre pays et il a une autre façon de gouverner et je n’ai aucune autorité dans ce pays. Le seul conseil que je peux vous donner est de ne pas aller en Ouganda », a insisté Kagamé.
Accusations mutuelles et pacte
Les problèmes entre les deux pays liés aux ressortissants ne datent pas d’aujourd’hui. En 2019, le Rwanda a émis un avis aux voyageurs contre l’Ouganda et a également fermé sa frontière avec le pays. Une situation qui est arrivée après que le Kigali a accusé Kampala de soutenir et de faciliter les rebelles.
D’autre part, l’Ouganda a accusé le Rwanda de mener de l’espionnage sur son sol. Plusieurs réunions bilatérales auxquelles ont participé des dirigeants de pays de la région, l’Angola et la RDC, n’ont pas donné beaucoup de résultats dans la résolution de l’impasse entre les deux voisins d’Afrique de l’Est. En août 2019, le président Kagamé et le président Museveni se sont rencontrés à leur frontière commune à Gatuna et ont signé ce qui semblait être un pacte progressiste qui conduirait à la normalisation des relations.
Dans le pacte, les deux dirigeants ont convenu de respecter la souveraineté de l’autre et de s’abstenir d’actes susceptibles de déstabiliser l’autre. Un comité ad hoc dirigé par leurs ministres des Affaires étrangères avait progressé dans la mise en œuvre du pacte après des réunions consécutives à Kigali et Kampala. Les progrès ont stagné en partie à cause de la pandémie de coronavirus qui a stoppé les mouvements et les désaccords résultant de la mise en œuvre du pacte.
En raison de la crise du COVID-19 en Ouganda, Rwandair a également interrompu ses voyages à Entebbe en juin, ce qui a rendu encore plus difficile pour les Rwandais de se rendre en Ouganda. « Aucun Ougandais n’a de problèmes au Rwanda, mais littéralement tous les Rwandais qui s’y rendent… sont inquiets. Certains ont même regretté d’être allés là-bas et certains sont maintenant paralysés à cause de la façon dont ils sont arrêtés et torturés… », a déclaré le président Kagamé.
Contourner le Rwanda
Plus tôt en mai, il a été révélé que l’Ouganda et le Burundi finalisaient des plans pour construire une nouvelle route pour promouvoir leur commerce bilatéral en raison de la proximité du Rwanda à la frontière de l’Ouganda. La nouvelle infrastructure devrait traverser le nord de la Tanzanie et être reliée au point de passage frontalier de Kobero au Burundi.
« Maintenant, vous entendez qu’il y a des routes en cours de construction entre l’Ouganda et la Tanzanie jusqu’au Burundi dans le but de contourner le Rwanda et de lui causer des problèmes. « Ce problème ne finira pas avec nous. La solution devra venir de ceux qui commettent ces actes. Le seul conseil que je puisse vous donner est : était-il nécessaire que vous y alliez ? Pourquoi n’évitez-vous pas d’y aller ? », a déclaré Kagame.