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Le groupe français Lafarge, a financé Daech en complicité avec l’Etat français (Rapport)

Des documents obtenus par l’agence de presse turque Anadolu, révèlent que le groupe cimentier français Lafarge a financé Daechen Syrie pendant des années, avec la complicité des services secrets français qui en étaient informés constamment. Mardi, la cour de cassation a rouvert le dossier et la société peut désormais être poursuivie

Certaines grosses entreprises françaises dont le géant Lafarge, ont été accusées d’avoir financé le terrorisme dans le monde. Selon un rapport de l’agence Anadolu, des documents appartenant aux institutions françaises ont révélé que l’un des plus grands géants mondiaux du ciment, le français Lafarge, informait en permanence les services de renseignement français, nationaux, étrangers et militaires de sa relation avec Daech, et que cette relation était à la connaissance de l’État français.

Sur l'un des documents, le chef de la sécurité de Lafarge, Veillard, a écrit en octobre 2013 une note intitulée «Envoyé aux services de renseignement étrangers français (DGSE)».

Cette révélation vient mettre en évidence à quel point les intérêts économiques sont importants pour la France, au point de participer au financement de crimes odieux à travers le monde. Selon les documents, Lafarge « avait des relations commerciales avec Daech, qui s’est construit des abris avec son ciment, même après avoir repris l’usine, et il a été noté que Daech s’est également financé en vendant du ciment Lafarge ».

Tous ces mouvements étaient bien connus de l’Etat français qui laissait faire tant que les caisses se remplissent. Aussi, il faut souligner que la France profitait également des liens de Lafarge avec Daech pour obtenir des informations stratégiques sur le terrain en Syrie. L’entreprise servait en effet, d’espion aux services de renseignements de France en Syrie et leurs rapportait des informations.

Tous les détails liés à ce dossier

Courriel de Lafarge aux services secrets français

Dans les documents appartenant à l’État français que AA a obtenus, il est entendu que la relation entre la société Lafarge et le service de renseignement français a commencé par un e-mail envoyé par le directeur de la sécurité de la société Jean Claude Veillard à une adresse appartenant au ministère de l’Intérieur renseignement le 22 janvier 2014. Le responsable de l’entreprise Veillard a déclaré dans son e-mail que Lafarge est toujours actif en Syrie et doit établir des relations avec des « acteurs locaux » afin de poursuivre son travail.

Le directeur de la sécurité a demandé aux services de renseignement quel était le risque que couraient leurs dirigeants et leur quartier général, notant qu’il y avait eu une couverture médiatique négative à leur sujet. Répondant à Lafarge, l’officier des services de renseignement l’a informé d’une date pour discuter de la situation.

Après la discussion scandaleuse des relations Lafarge-terro en France et la réflexion de la question au tribunal, l’officier de renseignement au nom de code AM 02 a fait une déclaration devant le tribunal le 18 novembre 2018. Selon la transcription, l’officier a admis que Lafarge était sa source d’information en Syrie. L’officier de renseignement a expliqué au juge comment les services secrets français avaient profité de l’usine Lafarge.

Dans le procès-verbal, l’officier du renseignement n’exclut pas Daech, affirmant qu’au cours de la période 2012-2014 Lafarge a envoyé du ciment à tous les groupes armés en Syrie (y compris le Front al-Nosra). « Nous avons abordé la situation de manière purement opportuniste, profitant du travail continu de Lafarge », a déclaré l’agent de renseignement devant le tribunal.

Ciment fourni à Daech

Les détails de l’envoi de ciment à Daech ont été discutés dans la correspondance entre le responsable de la sécurité de Lafarge Veillard et le ministère de l’Intérieur français le 1er septembre 2014. « Pouvez-vous donner plus de détails sur le ciment qui va à Daech ? » utilisé par les services secrets français.

D’après sa déclaration, il est clair que l’État français était au courant des relations de Lafarge avec l’organisation terroriste à l’époque. Il est à noter qu’il y a eu plus de 30 réunions entre Lafarge et les services de renseignement français, nationaux, étrangers et militaires entre 2013 et 2014, selon les documents.

Notes de Lafarge au renseignement français

Veillard, le chef de la sécurité de l’entreprise, a témoigné devant la police le 30 novembre 2017, lorsque Lafarge a été accusé d’avoir commis des crimes contre l’humanité en finançant des organisations terroristes. Selon la transcription obtenue par AA, Veillard a tenté de prouver qu’il avait informé l’État et les services de renseignement français de tout ce qu’il avait fait lors de sa déposition.

Les annexes à la déclaration comprenaient des documents concernant les informations de l’entretien du responsable sécurité de Lafarge sur le terrain, les conditions développées sur le terrain et les sensations qu’il a reçues. Il était entendu que Veillard transférait les informations de terrain sur les conflits et l’équilibre militaire entre les groupes armés au renseignement français.

Sur l’une des notes en question a été retrouvée une note manuscrite de Veillard en octobre 2013, « Envoyée aux services de renseignement français étrangers (DGSE) ».

Les divulgations seront-elles dissimulées ?

Des reportages publiés en France en 2016, affirmaient que Lafarge avait financé l’organisation terroriste Daech en rendant hommage à la guerre civile syrienne. Selon la presse française, l’entreprise a fourni du matériel et du carburant de l’organisation en plus de rendre hommage à Daech afin de poursuivre ses activités dans la région syrienne de Celebiye.

Alors que la société a admis en 2017 avoir effectué des paiements à des groupes armés sur le sol syrien pour maintenir l’usine ouverte, elle a contesté les accusations de « participation à des crimes contre l’humanité ». Huit cadres de l’entreprise, dont une enquête a été ouverte, ont été inculpés de financement du terrorisme et de collaboration à des crimes contre l’humanité.

L’accusation de « participation à des crimes contre l’humanité » portée contre la société en juin 2018 a été abandonnée en novembre 2019. Les organisations non gouvernementales réagissant à l’abandon des poursuites ont porté l’affaire devant la Cour de cassation française.

Décision de la Cour

La Cour de cassation a invalidé, ce mardi, l’arrêt de la cour d’appel de Paris qui avait annulé la mise en examen du cimentier pour «complicité de crimes contre l’humanité» dans l’enquête sur ses activités en Syrie jusqu’en 2014.

La multinationale est, entre autres, mise en cause pour avoir passé des accords financiers, à coups de millions de dollars, avec l’organisation terroriste Etat islamique et des commerçants qui lui étaient liés, pour continuer de fabriquer et vendre du ciment dans le nord du pays.

«Le versement en connaissance de cause de plusieurs millions de dollars à une organisation dont l’objet est exclusivement criminel suffit à caractériser la complicité, peu importe que l’intéressé agisse en vue de la poursuite d’une activité commerciale», résume la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire dans un communiqué qui accompagne sa décision.

En conséquence, la Cour de cassation renvoie le dossier à la cour d’appel de Paris qui devra suivre sa position et prononcer la mise en examen du cimentier pour «complicité de crime contre l’humanité». Les hauts magistrats confirment également la mise en examen de Lafarge pour «financement du terrorisme».

Sources: Anadolu, TRT World, Libération

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