Société

Côte d’Ivoire : un vent de révolte souffle contre la culture du viol

Suite au scandale de la démonstration d’un viol en direct à la télévision, les collectifs et associations féministes ont relancé le débat contre le viol en Côte d’Ivoire. C’est dans ce cadre que le mercredi 1er septembre 2021, plusieurs dizaines de militantes féministes ont manifesté devant le siège de la chaîne privée NCI pour réclamer des sanctions.

Lundi dernier, Yves de Mbella a animé une émission dont une séquence sordide dans laquelle un ancien violeur était invité à simuler une agression sexuelle sur un mannequin en plastique puis à prodiguer des conseils aux femmes pour éviter de subir le même sort a suscité de vives indignations.

Dans cette affaire, l’animateur Yves de M’Bella a été condamné à 12 mois de prison avec sursis et à une amende de 3 000 euros pour “apologie du viol”. Même si le diffuseur n’a pour le moment pas été poursuivi, la Haute Autorité de communication audiovisuelle (Haca) l’invite à faire preuve de « vigilance » dans sa programmation. De leurs cotés, les associations féministes déplorent l’absence de sanctions contre la direction de la chaîne NCI.

Un signal fort de la lutte contre le viol

« On voit un signal fort, ça prouve qu’il y a des choses qu’on ne peut plus laisser passer, que le viol n’est pas toléré”, a reconnu Désirée Dénéo, secrétaire générale de la Ligue ivoirienne des droits des femmes (LIDF) citée par l’AFP. Pour lui, cela ouvre le débat sur le viol dans la société ivoirienne et permet aux victimes de ne pas se sentir seules et de pouvoir passer le cap du silence.

Selon des associations relayées par France 24, cette mobilisation de la société civile est le signe que le travail de sensibilisation effectué depuis plusieurs années commence également à payer. “L’utilisation des réseaux sociaux par ces jeunes féministes a permis de rendre plus visibles leurs actions et de dénoncer certains comportements sans avoir à passer par l’État ou un autre pouvoir. (…)  Cela leur offre une plate-forme pour agir de manière très libre.”, a expliqué à France 24 la chercheuse Carolin Beck, spécialiste du genre à Sciences-Po et auteure d’une étude sur les mouvements féministes en Côte d’Ivoire et au Sénégal.

Pour Bénédicte Joan qui appartient à cette nouvelle génération de femmes africaines bien décidées à faire bouger les lignes, ce sont des jeunes qui veulent s’engager et sensibiliser les gens dans leur communauté car cela se passe aussi dans leur quartier, dans leur maison.

50 mille francs pour obtenir un certificat médical de viol

En Côte d’Ivoire , les statistiques officielles collectées par le ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant indique qu’en 2018, les autorités ont  rapporté 2 744 cas de violences basées sur le genre dont 693 viols sur l’ensemble du territoire.

Malheureusement, en plus des pressions sociales, du sentiment de honte ou la crainte des représailles, les victimes doivent s’acquitter de 50 000 francs CFA, soit 76 euros pour obtenir un certificat médical de viol. Et pourtant, sans être obligatoire, ce document est essentiel d’un point de vue juridique pour faire aboutir les procédures.

“Ce certificat permet d’apporter la preuve de ce que vous avez subi”, a confié à France 24 Carelle Goli, responsable juridique de la Ligue qui se bat pour un meilleur accompagnement des survivantes d’agressions sexuelles. A l’en croire, il faut que ce certificat devienne gratuit pour que la victime puisse porter plainte le plus tôt possible.

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