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Propagation de la violence au Sahel: vers la disparition de l’Etat du Mali? (Rapport ONU)

La survie du Mali est sérieusement mise en cause avec la propagation, de façon galopante, de la violence dans le pays, a indiqué vendredi, un expert indépendant de l’ONU. Il a fait cette remarque en tenant compte également de la situation des droits humains dans le pays.

« Un État affaibli et impuissant a du mal à assumer son propre rôle de protection des populations civiles face aux groupes armés qui pullulent dans tout le pays », a indiqué Alioune Tine à la suite d’une étude officielle de terrain de plusieurs jours. Il a évoqué plusieurs cas de violence et de non-respect de droits humains. Entre autre, l’expert a évoqué des histoires d’exécutions extrajudiciaires croissantes, d’enlèvements de civils et de viols collectifs. Selon Tine, « la détérioration grave et continue de la situation sécuritaire a dépassé un seuil critique ».

Dans son rapport, Alioune Tine a également mis en exergue, les doutes des citoyens maliens en ce qui concerne la la volonté politique des autorités de garantir la sécurité des civils, notamment dans les régions les plus touchées par les conflits. « Cela doit absolument changer », a souligné Tine, notant la nécessité d’un « acte de foi national et d’un engagement sans faille » des autorités, ainsi que du soutien actif de leurs partenaires pour « restaurer l’autorité de l’État et assurer la protection des populations civiles ».

Détérioration de la sécurité

Il s’est déclaré gravement préoccupé par l’échec des institutions de sécurité de l’État, qui ont entraîné des attaques tous azimuts contre des civils par des extrémistes armés tels que Jama’at Nusrat al-Islam wal Muslimin, l’État islamique du Grand Sahara et d’autres consolidant leur contrôle sur des régions du nord et du centre du pays. De plus, ces groupes s’étendent également dans les régions du sud, tandis que la violence communautaire augmente dans le centre du Mali.

Les civils à Gao, Menaka et Tombouctou dans le nord ; Bandiagara, Douentza, Mopti et Ségou au centre ; et Koutiala, San et Sikasso dans le sud, ont subi des violations des droits humains fondamentaux et ont perdu la vie. Alors que le respect des droits de l’homme se détériore dans un contexte d’impunité généralisée pour les auteurs, l’expert de l’ONU a poussé les autorités à donner à cette « question troublante… une priorité absolue ». 

Manque de protection

Entre le 1er avril et le 30 juin, la Mission des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a documenté au moins 43 exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires commises par les Forces de défense et de sécurité maliennes. « Il est inquiétant que les populations civiles subissent également les violences des forces de défense et de sécurité maliennes censées les protéger », a déclaré l’expert onusien. 

Et 258 violations des droits ont été commises par des milices et des groupes armés au cours des sept premiers mois de cette année, ce qui équivaut à 88 % du nombre total d’incidents signalés pour l’ensemble de 2020.

Enlèvements et violences 

Les enlèvements ont également augmenté de façon spectaculaire, avec 435 documentés au cours des six premiers mois de cette année, soit cinq fois plus qu’en 2019. Alors que les auteurs sont principalement des groupes armés communautaires et des milices dans le centre du Mali, des enlèvements ont également été perpétrés par d’autres groupes armés.  

Les viols collectifs et autres violences contre les femmes sont également en augmentation, tout comme les attaques contre les soi-disant esclaves, un problème que l’expert indépendant a mis en évidence le mois dernier.

Affronter les autorités

Tine a déclaré avoir fait part de ses préoccupations au gouvernement malien. « J’invite donc les autorités maliennes à respecter leurs engagements », a-t-il déclaré. « Cela contribuera à rassurer et à restaurer la confiance dans les institutions de l’État par la population civile et de nombreux interlocuteurs », a-t-il ajouté. 

L’expert de l’ONU a également rencontré des responsables de haut niveau, notamment le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères.

Détention « illégale »

Le Mali a connu deux coups d’État militaires au cours de l’année écoulée, qui ont assombri les efforts visant à rétablir un gouvernement démocratique élu. Les autorités de transition se sont engagées à respecter un calendrier qui prévoit des élections en février prochain. 

« J’ai pu rencontrer l’ancien président Bah N’Daw et l’ancien Premier ministre Moctar Ouane qui sont toujours assignés à résidence », a-t-il déclaré et discuté avec les autorités maliennes « du caractère illégal de cette situation et de la nécessité d’y mettre un terme au plus vite que possible ». 

« Nous avons pris note des mesures concrètes prises par les autorités maliennes en vue de leur libération imminente », a-t-il ajouté.

Enquête

A propos de la mort du détenu qui a tenté d’assassiner le colonel Assimi Goïta, président de la transition, l’expert de l’ONU a demandé aux autorités d’ouvrir une « enquête approfondie, rapide et impartiale conformément aux obligations internationales pertinentes du Mali en matière de droits humains ».

Sources: UN News, APO Group, Africa-Newsroom

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