Désigné par le doyen du tribunal de première instance de Port-au-Prince, lundi 9 août 2021, le juge d’instruction Mathieu Chanlatte vient de renoncer à sa mission de mener l’enquête judiciaire sur l’assassinat du président Jovenel Moïse abattu chez lui le 7 juillet 2021 par un commando armé.
A travers une lettre déposée au tribunal de première instance de Port-au-Prince, le juge d’instruction Mathieu Chanlatte a annoncé sa décision de renvoyer le dossier au doyen du tribunal. « Nous nous déportons dudit dossier pour des raisons de convenances personnelles et ordonnons son retour au doyen de ce tribunal », a écrit le juge Mathieu Chanlatte dans sa lettre.
« J’avais dit que ça serait dur pour le juge Chanlatte : il a toujours la même voiture, il n’a pas d’autres agents de sécurité attachés à son service », a confié l’AFP le juge Jean Wilner Morin, président de l’Association nationale des magistrats haïtiens. Pour lui, « les gangs armés sont dans le voisinage immédiat du tribunal de première instance de Port-au-Prince donc c’est très difficile pour un magistrat, quel qu’il soit, de mener à bien ce dossier ».
Pour rappel dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du président le 7 juillet à son domicile, la police haïtienne affirme avoir déjà arrêté 44 individus dont 12 policiers haïtiens, 18 Colombiens et deux Américains d’origine haïtienne. Malgré ces arrestations, le mystère entourant ce meurtre grandit dans le pays e beaucoup s’interrogent sur les commanditaires et les motifs d’une attaque au cours de laquelle la première dame a été blessée par balles alors qu’aucun policier attaché à la sécurité du chef de l’État n’a été touché.
« Il faut que tous les acteurs concernés acceptent que lumière soit faite : quand on ne donne pas les moyens nécessaires à un magistrat pour traiter un pareil dossier, c’est bloquer le dossier […]. Quand le tribunal où se trouve le bureau du magistrat n’est pas sécurisé et les pièces sont susceptibles d’être volées, c’est bloquer le dossier », a jouté le juge Jean Wilner Morin cité par lapresse.ca.