La marine militaire russe a déployé pour la première fois le gigantesque Sous-Marin Belgorod. Exploité au nom de la direction secrète de la recherche sous-marine (GUGI), le sous-marin pourrait être au cœur des capacités de collecte de renseignements de la Russie. Pourtant, elle porte également une nouvelle arme stratégique, connue sous le nom de Poséidon.
Bien que les spécifications détaillées n’aient pas été révélées, il est clair que le Belgorod est le plus grand sous-marin jamais construit depuis 30 ans. Selon les informations, sa coque agrandie de sous-marin de classe Oscar-II est estimée à 178 mètres (584 pieds) de long et environ 15 mètres (49 pieds) de large. Son déplacement sera probablement nettement supérieur aux ~19 000 tonnes de la classe Oscar-II sur laquelle elle est basée. C’est plus gros à tous égards que le plus gros sous-marin occidental, la classe Ohio de l’US Navy.
Selon Naval News, le sous-marin a quitté son poste d’amarrage de Severodvinsk le vendredi 25 juin 2021. Cela représente le début des essais en mer qui sont essentiels à la livraison du nouveau bateau à la marine russe. Ces essaies coïncident au lancement par l’armée russe d’exercices militaire en mer noire sur fond de tensions avec la Grande Bretagne.
En effet, l’armée russe a lancé vendredi des manœuvres de grande envergure en mer Méditerranée avec des avions de combat capables de transporter des missiles hypersoniques, une démonstration de force au milieu d’une montée des tensions à la suite d’un incident avec un destroyer britannique en mer Noire. Moscou a déclaré qu’un de ses navires de guerre avait tiré des coups de semonce et qu’un avion de guerre avait largué des bombes sur le chemin du destroyer britannique Defender mercredi pour le forcer à quitter une zone près de la Crimée.
Deux rôles du gigantesque sous-marin Belgorod
Belgorod, son objectif, présente aux analystes occidentaux une énigme. Elle combinera deux rôles apparemment contradictoires. Le premier est en tant que sous-marin hôte (navire-mère) pour les sous-marins miniatures à propulsion nucléaire, à plongée profonde. Ceux-ci sont capables de travailler sur des câbles et d’autres objets sur le fond marin.
La préoccupation au sein de l’OTAN est que ceux-ci pourraient inclure les câbles Internet sous-marins reliant les pays occidentaux. C’est ce qu’on appelle une « mission spéciale » dans le jargon de la marine (qui regorge d’euphémismes désignant des activités secrètes), rapporte Naval News.
Le deuxième rôle est celui de la frappe nucléaire et de la dissuasion. Pour cela, elle sera armée de six torpilles Poséidon « 2м39 ». Il s’agit d’une toute nouvelle catégorie d’armes qui n’est déployée par aucune autre marine. Ils ont été décrits comme des «torpilles autonomes nucléaires intercontinentales à propulsion nucléaire».
Avec plus de 20 mètres de long, ce sont en fait des drones sous-marins géants avec une portée pratiquement illimitée et une ogive nucléaire. Et leurs performances attendues (environ 70 nœuds et 1000 mètres de profondeur) ne permettent pas de les contrer avec les armes existantes.
Ces deux rôles sont perçus comme stratégiquement contradictoires car, jouer l’un peut compromettre l’autre. Le rôle de dissuasion nucléaire exige de rester caché et hors de danger, c’est à dire hors de portée de l’ennemi. Alors que la «mission spéciale» peut l’emmener dans un danger potentiel. Et quel rôle sera le principal n’est pas clair non plus.