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Macron menace de retirer ses forces du Mali, ambition sérieuse ou un coup de bluff?

Le président français Emmanuel Macron et le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goita

Le président français Emmanuel Macron et le président de la transition malienne, le colonel Assimi Goita @Montage IWT

Alors que la CEDEAO s’est concentré sur la situation du Mali dimanche pour tenter de trouver une solution pour la continuité de la transition, le président Français Emmanuel Macron a lancé une bombe qui supposerait que la France serait prête à retirer ses forces du Mali.

Emmanuel Macron menace de retirer ses forces du Mali sur les conditions d’une démocratie n’étaient pas réunies. Les militaires maliens ont effectué un nouveau coup d’Etat pour déposer les dirigeants de la transition, ce qui a irrité la France et les Etats de la sous-région africaine. Dimanche, la CEDEAO a suspendu le Mali de l’organisation tout en ne sanctionnant pas pour autant le pays sahélien.

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C’est aussi ce dimanche que le président français Macron a choisi pour menacer de retirer ses troupes du Mali si l’État hôte manque de légitimité démocratique. Une déclaration du président français qui n’est pas différente de celle qui a conduit au Sommet de Pau en 2020. La question est de savoir si cette fois c’était un coup de bluff de la France dont la présence au Sahel n’était pas, de façon géostratégique, inutile pour elle.

Macron a également déclaré au journal que la France ne voulait pas rester militairement impliquée dans la région pour toujours, mais un retrait prématuré ou soudain des forces pourrait par inadvertance créer un vide sécuritaire qui sera rapidement exploité par l’EIIL et d’autres. Cependant, les exigences démocratiques de la France sont critiquées après son soutien aux gouvernants militaires au Tchad après la mort du président Idriss Deby Itno et l’aide militaire en cours aux autorités maliennes après le coup d’État.

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Plusieurs observateurs soulignent un comportement de deux poids deux mesures de la part de Paris qui devrait marcher sur une fine ligne entre soft power et sécurité sans sacrifier l’un pour l’autre. La France ne doit pas non plus se mêler des affaires de ses anciennes colonies. Même s’il y a peu de chance que les 5000 soldats français quittent le Sahel de sitôt, il peut y avoir des surprises. Les manifestations pour leur départ se multiplient ces derniers mois au Mali la population, estimant que les troupes de leur ancien colonisateur commettent des crimes de guerre et exploitent les gouvernements régionaux à des fins économiques.

Un peu plus de huit ans depuis le début de la guerre contre le terrorisme de la France en Afrique de l’Ouest, il y a un manque perceptible de progrès sur le terrain. Il est vrai que Paris a perturbé un complot terroriste territorial de type proto-EIIL au Mali, mais la menace s’est simplement métastasée en une menace beaucoup plus non conventionnelle.

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Selon Andrew Korybko est un analyste politique américain basé à Moscou, il semble donc que la rhétorique controversée de Macron visait davantage à faire pression sur les autorités maliennes post-coup d’État qu’à signaler un changement imminent dans l’approche parisienne des conflits régionaux. Néanmoins, des pivots se produisent effectivement, et on ne peut ignorer que le dirigeant français a lancé un nouveau changement de politique qu’il pourrait dévoiler plus tard cette année.

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