L’ancien président de la république fédérale du Nigéria s’est rendu au domicile de son ami et homologue béninois Nicéphore Dieudonné Soglo, lundi 11 novembre 2019. Lors de leur tête à tête, les deux hommes d’Etat ont passé en revue les sujets brûlants du continent.
De la crise politique béninoise à la fermeture des frontières nigérianes en passant par la concrétisation du projet relatif au quadrilatère Nigeria-Togo-Ghana-Bénin comme moteur du développement de toute la région ouest africaine, les deux ex-dirigeants africains n’ont laissé aucun sujet. Ces derniers ont ainsi mené des discussions allant dans le cadre du développement du continent africain, comme l’indique le communiqué de presse ci-dessous.
COMMUNIQUE DE PRESSE
L’ancien Président de la République Fédérale du Nigeria, Olusegun OBASANJO, était ce lundi 11 novembre 2019 à Cotonou au cabinet de l’ancien Chef de l’Etat béninois, Nicéphore Dieudonné SOGLO. Dès l’immobilisation du cortège en provenance du Nigeria, le Président OBASANJO a été accueilli par son homologue du Bénin en compagnie de son épouse, Rosine Vieyra-SOGLO.
Les deux personnalités se sont ensuite retirés afin d’échanger durant une heure. Au terme de cet entretien, une conférence de presse conjointe a permis d’exposer les différents points.
Des déclarations successives des deux personnalités, trois points essentiels ont été au menu de leurs échanges.
Le premier sujet a porté sur la situation politique qui prévaut au Bénin suite aux dernières législatives. Un processus électoral qui a occasionné l’exclusion de l’opposition suivie de troubles graves avec des pertes en vies humaines. Le président SOGLO a tenu à remercier son hôte pour le rôle déterminant qu’il a joué dans la levée du blocus militaro-policier qui a confiné l’ancien président Boni YAYI à son domicile de Cotonou durant 52 jours dans des conditions très difficiles.
Instruit par le forum des anciens chefs d’État d’Afrique présidé par Joachim CHISSANO du Mozambique, le Président OBASANJO a entrepris une tournée dans plusieurs capitales africaines. Résultat, le Président Boni YAYI a pu enfin quitter son domicile pour aller se faire soigner dans un pays de son choix. Les échanges ont également permis de faire le tour d’horizon des derniers développements de la crise politique au Bénin au lendemain de la révision de la Constitution, une démarche très contestée par les opposants au régime et par la société civile.
S’agissant du second point, les deux personnalités ont abordé la fermeture des frontières du Nigeria, une situation qui a engendré des conséquences économiques difficiles pour tous les pays concernés dont le Bénin en particulier.
Analysant la situation, les deux illustres leaders africains n’ont pas manqué d’envisager les perspectives à court et moyen termes. A court terme, il faudrait que les dirigeants des pays concernés fassent preuve de leadership pour aborder les sujets qui fâchent. A ce titre, il s’agit pour ces deux personnalités de sortir du pacte colonial en misant sur la complémentarité des économies des pays de la sous-région.
En effet, il urge que tous les pays concernés ait une synergie d’actions. Ce qui permettra de valoriser la production locale au détriment des produits subventionnés venus d’autres continents. Selon OBASANJO et SOGLO, c’est par ce biais qu’on pourra éviter les frustrations de part et d’autres et trouver rapidement un compromis pour le bonheur des peuples contraints à un bon voisinage. Le président OBASANJO a insisté sur le fait que le Nigeria malgré son envergure a besoin de ses voisins pour accomplir des progrès tandis que les voisins ont besoin de ce grand pays pour se développer.
Les deux hommes d’Etat ont décidé d’œuvrer ensemble en raison notamment des relations fraternelles de voisinage et d’amitié qui unissent les deux pays pour promouvoir la paix et la cohésion entre le Nigéria et le Bénin et dans la sous-région ouest-africaine.
En ce qui concerne le troisième point évoqué, les deux hommes d’Etat ont rappelé qu’il urge de concrétiser le projet relatif au quadrilatère Nigeria-Togo-Ghana-Bénin comme moteur du développement de toute la région ouest africaine. A cet effet, le Président SOGLO a rendu un vibrant hommage à son prédécesseur Sourou Migan APITHY qui dans son ouvrage « Face aux impasses » publié en 1971, avait démontré à plus d’un titre que l’intégration sous régionale est à ce prix.
Afin d’en analyser la signification profonde et proposer les modalités adéquates de la mise en œuvre dans la région ouest-africaine et africaine de ce quadrilatère, les deux hommes d’Etat ont promis d’œuvrer pour le renforcement de la coopération et l’intégration des économies de cet espace géographique.
Ce qui passe par le rappel de l’arrière-plan historique et culturel de ces peuples. Cet arrière-plan historique peut en effet devenir le socle des programmes d’intégration des économies des pays qui partagent les conséquences dévastatrices d’une histoire qui leur est commune.
Pour cela, ce quadrilatère passe par l’intégration des économies des Etats de la région ouest-africaine. Raison pour laquelle OBASANJO et SOGLO se sont félicités des résultats des programmes d’intégration économique mis en route dans le cadre de la CEDEAO.
Ils n’ont pas manqué de recommander à la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO de faire procéder à l’évaluation rigoureuse et approfondie des indicateurs de gouvernance macroéconomique notamment le déficit budgétaire et son financement soit pas les banques centrales soit par appel au marché monétaire.
Pour OBASANJO et SOGLO, l’intégration monétaire aura pour conséquences l’accélération et le renforcement des échanges intra-communautaires et le tarif extérieur commun et donc le développement plus rapide des économies des Etats de l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble.
Toujours sur ce registre d’intégration régionale et au regard de leur passé dans la gestion des Etats, les deux anciens chefs d’Etat n’ont pas manqué de faire des propositions en ces temps d’insécurité régionale et planétaire.
A ce titre, ils ont souhaité de transformer l’ECOMOG en une véritable armée fédérale avec des contingents nationaux. Et dans la même dynamique, ils ont souhaité que soit adopté le même schéma pour une marine fédérale pour protéger nos côtes contre le crime organisé et le pillage de nos ressources halieutiques et maritimes sans oublier le sort de nos pécheurs de plus en plus confrontés à une précarité.
Un dernier point en subsidiaire a été aussi abordé. En effet, les deux hommes sont revenus sur les grands objectifs du forum des anciens chefs d’État d’Afrique. Ce regroupement qui est sous la férule de Joaquim Chissano, ancien Président de la République de Mozambique et Président du forum des anciens chefs d’Etat d’Afrique s’active à faire du continent un pôle du développement au service de ses fils.
A ce titre le président OBASANJO a été présenté par son hôte comme le bras opérationnel chargé de la mise en œuvre des grandes résolutions. D’où la très grande mobilité de l’ancien président nigérian constamment en voyage partout dans le monde pour mieux s’acquitter de sa mission.
Ce qui justifie ses rencontres périodiques avec le Vice-Président du forum qui n’est rien d’autre que le président Nicéphore SOGLO. « C’est par cette nouvelle approche qui surfe sur le développement, l’éducation, la santé, la science, la paix, la sécurité, la stabilité que l’Afrique pourra concrétiser sa vision de continent pacifique, prospère et intégrée », ont soutenu les deux hommes d’Etat pour finir.
Cotonou, le 11 novembre 2019
Service de presse du cabinet du Président Nicéphore SOGLO