Politique

Bénin Tensions postélectorales : les propositions de Mathias Hounkpè pour une de sortie de crise

Les violents incidents survenus mercredi  à  Cotonou continuent de susciter de vives réactions dans l’opinion publique nationale et internationale. Après les appels au calme de l’UA et de l’ONU, c’est  l’administrateur du programme de gouvernance politique à Osiwa (Open Society Initiative for West Africa) Mathias Hounkpè qui a donné sa lecture des évènements. Dans une tribune intitulée « Pour conjurer le péril qui nous guette ! » publiée sur sa page Facebook,  le politologue béninois a proposé des voies de sortie de cette crise inédite.

La situation sociopolitique délétère qui règne dans le pays continue de susciter de réactions tant dans le rang de l’opinion publique nationale qu’internationale. Dans une tribune intitulée « Pour conjurer le péril qui nous guette ! », l’administrateur du programme de gouvernance politique à Osiwa (Open Society Initiative for West Africa) Mathias Hounkpè a donné son appréciation sur la tension sociale et politique qui secoue le pays au lendemain des élections législatives du 28 avril dernier. Le politologue béninois relève que les violents incidents survenus ces derniers jours dans le pays sont « d’une violence rarement connue par le passé ». Pour lui, nous assistons à une «une situation post-électorale tout aussi inédite, tout comme le processus électoral lui-même ». Selon ses dires, deux facteurs essentiels sont à la base de cette crise. D’abord, « les problèmes liés au processus électoral » et ensuite « les profondes frustrations qu’expriment les manifestants ». « Il y a, d’un côté, les problèmes liés au processus électoral proprement dit, notamment sa non-inclusivité et le taux d’abstention extrêmement élevé qui a barré le scrutin d’une tache indélébile. Il y a, de l’autre, les profondes frustrations qu’expriment les manifestants et qu’il serait, je le crois profondément, pour le moins dangereux de réduire à la simple exécution des mots d’ordre des leaders de l’opposition », a-t-il écrit.

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Mais pour l’heure, l’urgence est de trouver les voies de sortie de « cette passe hautement périlleuse que traverse le pays ». C’est pourquoi Mathias Hounkpè propose la mise en place d’un cadre de dialogue entre les différents acteurs politiques concernés (mouvance et opposition). L’administrateur du programme de gouvernance politique à Osiwa propose également comme voie de sortie de crise,  « une adresse officielle de l’Exécutif, de préférence du Président de la République lui-même, à l’endroit des citoyens qui protestent dans les rues ». Ci-dessous l’intégralité de son texte.

 

Pour conjurer le péril qui nous guette !

Depuis deux jours, le Bénin connaît, à la fois, des manifestations d’une violence rarement connue par le passé et une situation postélectorale tout aussi inédite, tout comme le processus électoral lui-même.  A mon humble avis, la véritable question qui se pose aujourd’hui est de savoir comment sortir de cette passe hautement périlleuse que traverse le pays.

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Avant d’aller à des propositions de sortie de crise, je voudrais d’abord rappeler les deux facteurs majeurs qui caractérisent la crise en tant que telle. Il y a, d’un côté, les problèmes liés au processus électoral proprement dit, notamment sa non-inclusivité et le taux d’abstention extrêmement élevé qui a barré le scrutin d’une tache indélébile. Il y a, de l’autre, les profondes frustrations qu’expriment les manifestants et qu’il serait, je le crois profondément, pour le moins dangereux de réduire à la simple exécution des mots d’ordre des leaders de l’opposition.

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Passons maintenant aux voies possibles de sortie de crise. Elles sont au moins de trois ordres. D’une part, il faut une adresse officielle de l’Exécutif, de préférence du Président de la République lui-même, à l’endroit des citoyens qui protestent dans les rues. Dans la situation actuelle, il me parait indispensable de leur indiquer qu’on les a entendus, compris et de les rassurer de façon crédible que tout sera mis en œuvre pour apporter des approches de solutions courageuses aux diverses préoccupations qu’ils expriment. De fait, il suffit d’écouter les propos en fond sonore sur les enregistrements audio et les vidéos qui circulent pour se rendre compte que les griefs des manifestants vont au-delà des seules élections.

 

D’autre part, il faut, de toute urgence, mettre en place un cadre de dialogue entre les acteurs politiques (pouvoir et opposition) sur le « comment » gérer les deux questions majeures ci-après :

  1. La question du déficit de légitimité de la législature qui est supposée sortir des législatives du 28 avril et les conséquences politiques qui en découlent (et Dieu sait qu’il y en a beaucoup). Ceci demandera des solutions innovantes à la hauteur de la situation.

 

2-La question liée aux difficultés de l’application des nouveaux textes (Code électoral et Charte des partis) et les conséquences politiques qui en découlent (ici également les conséquences politiques sont nombreuses). Ici aussi, la bonne foi des acteurs de tous les bords est un préalable incontournable.Enfin, il est nécessaire de prévoir un cadre de conduite du dialogue. Ce cadre peut être offert par un collège d’acteurs locaux (par exemple toutes les confessions religieuses ensemble) et/ou les organisations régionales telles que la CEDEAO, l’Union africaine et UNOWAS.

 

En guise de conclusion, il importe de dire que s’il faut savoir raison garder, il est impératif de tirer réellement toutes les conséquences de la situation actuelle. Ne pas le faire et chercher simplement à faire comme si de rien n’était, comme s’il ne s’agissait que d’un mauvais moment à passer pourrait être tout simplement suicidaire.

 

 

 

 

 

 

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