Politique

Bénin – Sortie médiatique de Patrice Talon: Réactions de Valentin Djènontin et Léonce Houngbadji

La sortie médiatique du chef de l’Etat Patrice talon lundi 20 mai 2019 suscite beaucoup de réactions dans le rang des acteurs politiques tant de la mouvance au pouvoir que de l’opposition. Les derniers en date sont les deux membres des FCBE Valentin Djènontin et Léonce Houngbadji qui se sont eux aussi prononcés sur le discours du président Talon à la nation. C’est à travers un message posté sur la page Facebook de l’ancien garde des sceaux.

Très attendu depuis les violents incidents qui ont éclatés dans le pays au lendemain des élections législatives du 28 avril dernier, le président de la République Patrice Talon est enfin sorti de son mutisme. Dans un message adressé à la nation lundi 20 mai 2019, le chef de l’Etat dans sa verve habituelle a évoqué les dossiers brûlants de l’actualité nationale. Du processus électoral à l’enlèvement des touristes français au Parc Pendjari en passant par les violences postélectorales. Il a pour finir appelé le nouveau parlement aux relectures des textes électoraux (charte des partis politiques et le code électoral) et invité la classe politique  a un dialogue franc, direct et constructif. Un discours qui arrive trop tard selon Valentin Djènontin. L’ancien garde des sceaux fustige le timing choisi par le chantre du nouveau départ pour s’adresser à la nation. « Les événements de ces dernières semaines ont profondément troublé la Nation. Mais c’est aujourd’hui que Patrice Talon a choisi de s’adresser à ses compatriotes, après les violences électorales des 28 avril, 1er et 2 mai 2019.  20 jours après avoir ordonné à son armée de tirer à balles réelles sur des populations civiles à mains nues à Cadjèhoun, tuant une dizaine de personnes dont une femme, il présente ses condoléances aux familles éplorées. 20 jours après l’assassinat de son compatriote Fiacre par des terroristes au Nord du Bénin, il vient s’adresser à sa famille pour lui exprimer sa compassion », a dénoncé l’ancien ministre de la justice sur sa page Facebook.

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Pour lui, le président Talon est resté déconnecté des souffrances du peuple. Tout au long de son discours, il ne s’est jamais remis en question, se plaint-il. « Son discours est une esbroufe, du saupoudrage ; on dirait même que c’est de la provocation », a-t-il constaté. Et pour ce qui est de la relecture des deux lois sur la réforme du système partisan souhaité par le président Talon, le membre influant des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE) trouve que « c’est de la ruse ». « A quoi servira aujourd’hui une telle relecture ? Avant sa parodie d’élections législatives, il avait une soixantaine de députés aux ordres. En ce moment, il refusait la relecture des lois drones qu’il a fait voter les yeux fermés par ses godillots. Ce n’est pas aujourd’hui où il a installé son parlement privé sous la menace des armes et le terrorisme des populations qu’il le ferait », a fait savoir Valentin Djènontin.

Très remonté, l’homme n’a pas non plus oublié de dire un mot sur l’appel au dialogue prôné par le régime de la rupture. Un appel qu’il trouve que c’est « une injure aux martyrs de Cadjèhoun, Savè, Kilibo, Tchaourou, Parakou et Kandi ». « A quoi servira aussi son appel pour des « échanges directs, francs et constructifs avec la classe politique » ? Depuis quand Patrice Talon a été « direct, franc et constructif » avec les Béninois ? Depuis quand il a commencé par respecter sa parole ? », s’est-il interrogé. Selon ses dires, ce message à la nation est un discours raté. Le chef de l’Etat aurait dû se taire. Il a pour finir formulé quelques exigences pour une sortie de crise, lesquelles se résument en neuf points :

1- une enquête internationale indépendante sur les crimes contre l’humanité commis par l’armée et la police à Cotonou et à Kandi, les 1er et 2 mai 2019 (massacre des populations civiles à mains nues, suite aux tirs à balles réelles des forces de sécurité et de défense) ;

2- l’annulation de la parodie d’élections législatives organisée le 28 avril 2019 avec toutes les conséquences qui en découlent ;

3- l’annulation de toutes les lois liberticides et scélérates, notamment les lois électorales d’exclusion administrative et financière ;

4- l’audit international indépendant du fichier électoral national ;

5- la reprise des élections législatives pour le compte de la 8ème législature, dans les conditions démocratiques, dignes de confiance, inclusives, crédibles, transparentes et apaisées ;

6- la libération de tous les prisonniers politiques ;

7- la création des conditions favorables pour assurer le retour de tous les exilés politiques ;

8- la fin des persécutions, enlèvements, arrestations, emprisonnements et agressions physiques des opposants et activistes du web ;

9- la levée des mesures illégales de surveillance de la résidence de l’ancien Président de la République, Thomas Boni Yayi, qui l’empêchent de recevoir sa famille, son avocat, son médecin et ses partisans, depuis le 1er mai 2019.

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