Politique

Soudan: renversement de Omar El-Béchir du fauteuil présidentiel

Après la chute de Omar El-Béchir, l’horizon s’assombrit pour le désormais ex-président du Soudan. Et pour cause, les deux mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) en 2009 et 2010 à l’encontre d’Omar el-Béchir sont toujours actifs.

Poursuivis pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au Darfour lors de la guerre opposant le régime de Béchir à une rébellion, cette destitution lance inévitablement des interrogations sur l’avenir de l’ex dictateur soudanais. Les mandats d’arrêt contre Béchir étant toujours actifs, l’armée se serait donc retrouvée dans l’embarras de choix: juger l’ex-président à Karthoum ou le livrer à l’institution judiciaire onusienne à la Haye (Cour Pénale Internationale). L’ autre option envisageable qui s’offre à l’armée, c’est de juger Omar El-Béchir devant la justice soudanaise pour les mêmes faits que ceux à lui reprocher par la CPI. Ce qui serait d’ailleurs légalement acceptable pour l’institution Bensouda, qui n’intervient qu’en dernier recours lorsque les États refusent de conduire eux-mêmes les procès selon la gravité et la sensibilité du dossier.

Match El-Béchir vs Bensouda, un duel loin d’avoir lieu

Les crimes commis au Dafour restent présent dans les mémoires de tous surtout des familles des victimes. Et sur ce coup, le dictateur n’est pas vu de bon œil ni par les dirigeants de la sous-région ni par la communauté internationale. L’ex-chef d’État est suspecté d’avoir mis en place une politique d’État ciblant des civils, les ethnies Four, Massalit et Zaghawa. Et de surcroît, au cours de ces dernières années, l’enquête de la procureure de la CPI, Fatou Bensouda a surtout visé à consolider ses accusations contre Omar el-Béchir et quatre autres responsables de son régime eux aussi poursuivis. C’est d’ailleurs pourquoi l’enquête sur Dafour reste ouverte à la CPI. Avec l’évolution des événements, l’actuel chef du parti Congrès national Ahmed Harun ne doit pas avoir le sommeil aisé. Ce proche de Béchir est visé aussi par l’enquête de la cour. En ce moment, Human Rights Watch a demandé aux nouvelles autorités de livrer « immédiatement » Omar El-Béchir à La Haye. « Les victimes des plus graves crimes du Darfour ne devraient pas attendre plus longtemps pour obtenir justice ». A l’étape actuel, Fatou Bensouda dispose encore d’une large marge de manœuvre pour émettre de nouveaux mandats d’arrêt à l’encontre de celui que l’on soupçonne déjà prochain client de l’institution judiciaire de l’ONU.

Arrivée au pouvoir lors d’un coup d’État militaire en 1989, Omar El-Béchir à l’instar d’autres dirigeants africains sortent par la plus petite des portes. De Mugabe à Omar El-Béchir passant par Abdelaziz Bouteflika, les vieux routiers de la politique colonisatrice passée à la souveraineté n’ont quasiment pas su sauver leur peau. Constat amer, ils chutent à tour de rôle devant la pression populaire. L’ultimatum vient donc d’être lancé aux chefs d’État qui pensent encore détenir les titres fonciers de leur États respectifs.


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