Dans une lettre ouverte adressée au président de la république Patrice Talon le mercredi 24 avril 2019, l’ancien chef de l’Etat Boni Yayi invite ce dernier à arrêter le processus électoral en cours. Il lui demande «d’écouter les gémissements et les angoisses de notre Peuple » qui ne veut pas d’élections non inclusives.
Yayi Boni aurait-il changé de ton dans sa lutte pour les élections législatives inclusives ? Si rien n’est moins sûr, on peut supposer que l’homme a changé de stratégie car après une sortie médiatique qui n’a vraisemblablement pas eu l’effet escompté et une descente infructueuse au marché Dantokpa, c’est par une lettre ouverte adressée mercredi à son interlocuteur que le leader des FCBE invite celui-ci à prendre conscience de l’angoisse du peuple en suspendant le processus électoral en cours.
Dans sa lettre, Boni Yayi invite le président de la République à revoir certaines dispositions de la loi fondamentale, socle de notre démocratie et sur laquelle il «a juré loyalisme, fidélité et respect». Pour lui, par cette disposition, «le peuple entend ne pas transiger pour imposer, l’Etat de droit et de démocratie pluraliste, la défense des droits fondamentaux de l’homme, les libertés publiques, la dignité de la personne humaine et la justice».A l’en croire, imposer de force sa volonté au peuple ne peut que le conduire à sa perte. A ses dires, le processus électoral en cours ne convient pas au peuple et persévérer sur cette voie ne peut qu’entraîner la mort de notre démocratie. Persister dans cette option «ne peut que conduire à une institution mort-née, en raison de l’opposition populaire que cette démarche suscite», a-t- il écrit. C’est pourquoi il demande au chef de l’Etat «d’écouter les gémissements et les angoisses de notre Peuple, en suspendant ce processus électoral qui divise le Bénin, ses filles, ses fils, ses régions, ses ethnies, ses tribus et déchire les familles« Aussi, invite-t-il, le chef de l’Etat a adressé un message à la nation en ce sens afin de dissiper les nuages sombres qui planent au-dessus du peuple béninois depuis le début de cette crise préélectorale. Le faire, écrit-il, c’est « éviter au béninois les lendemains difficilement gérables auxquels le peuple n’est pas habitué depuis l’historique conférence des forces vives de la nation ».
Le natif de Tchaourou qui s’est dit déterminé à lutter par tous les moyens pour qu’il y ait des élections inclusives a indiqué à son successeur qu’il a sollicité l’aide des chefs d’Etat de la sous-région et de la communauté internationale pour lui faire entendre raison . «Cet appui est nécessaire pour vous convaincre de renoncer à votre choix et de réunir sans délai les fils de ce pays pour mutualiser leurs efforts en vue du renforcement de notre démocratie par un scrutin inclusif», a-t-écrit.
Tout en espérant que le président de la République renoncera à son dessein de marcher sur «nos corps pour éviter ce coup de force institutionnel, synonyme d’un Coup d’État», Yayi Boni prévient que le peuple souverain «s’opposera toujours avec succès à toute dérive autoritaire».
