En conférence de presse ce jeudi 18 avril 2019 pour opiner une nouvelle fois sur la crise préélectorale, l’ancien président de la République Thomas Boni Yayi a maintenu sa position de départ. Celle d’aller aux élections avec l’opposition ou rien.
Boni Yayi refuse de jeter l’éponge. L’ancien président de la République est encore une fois monté au créneau pour exiger l’annulation du processus électoral. En effet ce jeudi, l’ancien locataire de la Marina était devant la presse. L’occasion pour l’ex-chef d’Etat de rétablir la vérité sur certaines rumeurs qui circulent sur les réseaux sociaux selon lesquelles il se serait résigné.
« Mon pardon est définitif et irréversible ».
Dans sa déclaration faite à son domicile à Cotonou, Boni Yayi est revenu sur le geste symbolique fait à son successeur le matin de son départ de la Marina. Le natif de Tchaourou a indiqué qu’il voulait inviter Patrice Talon à placer son mandat sous la volonté de Dieu. « Après les événements de 2012 et 2013, j’ai pardonné. J’ai réellement pardonné et mon pardon est définitif et irréversible. Je le jure. (…).C’est pour prouver à toutes et à tous que mon pardon est sincère et pour donner une chance au président Patrice TALON de gouverner pour le bien du peuple, qu’au matin du 6 avril 2016, je lui ai offert la Bible (…).J’espérais sincèrement qu’il en ferait un bon usage tout au long de son mandat », a-t-il indiqué.
« Arrêter le processus électoral en cours »
Pour Yayi Boni, continuer de se muer dans le silence qu’il s’était imposé depuis trois ans alors que la nation traverse une crise sociopolitique sans précédent depuis l’avènement du renouveau démocratique serait de manquer à son devoir patriotique. « Cette gouvernance permanente de musellement et de provocation instaurée depuis trois années, est montée crescendo avec le vote de la loi sur la Charte des partis politiques et le Code électoral », a-t-il déploré ajoutant que : « Nous voilà aujourd’hui dans une situation inédite dans notre pays où une bonne frange de la population est privée de son droit de libre choix, étant entendu que les candidats qu’ils soutiennent sont purement et simplement exclus de la compétition électorale par le Chef de l’Etat ».
Malgré les mis en garde des principaux acteurs de l’opposition, de la société civile et même de la CEDEAO, sur les risques qu’encoure notre nation, « en optant pour des élections législatives sans la participation de tous les partis politiques qui le désirent et qui au demeurant ont accompli les diligences nécessaires », poursuit le banquier « le Président de la République s’est inscrit dans la poursuite de ce processus électoral qui exclut tous les partis politiques de l’opposition et qui n’autorise uniquement que son seul parti Politique divisé en deux pour la circonstance , à savoir l’Union Progressiste et le Bloc Républicain ». « Tout Parlement qui découlerait de ces élections, ne peut aboutir qu’à une instabilité institutionnelle dans notre pays », dira l’homme.
C’est pourquoi « en tant qu’ainé, ancien Président de la République et citoyen de ce pays », il invite le chef de l’Etat à rebrousser chemin car « s’entêter, c’est remettre en cause la légitimité, la paix et la stabilité dans notre pays ». « En conséquence, j’en appelle au sens élevé de l’Etat et de responsabilité du Président de la République Monsieur Patrice TALON. Je l’invite à prendre toute la mesure de la gravité de la présente situation qui ne nous honore guère, et à arrêter le processus électoral en cours », a-t-il dit.
« Pas d’élection sans l’opposition »
Boni Yayi n’a pas manqué d’adresser un message aux forces de défense et de sécurité. « J’en appelle également au professionnalisme des forces de défense et de sécurité, dans toutes leurs composantes, qui ont fait le serment de défendre à tout prix la démocratie et l’Etat de droit, de mettre fin aux exactions, aux persécutions, aux arrestations arbitraires, intimidations et menaces sur les populations. Ces dernières ne défendent que leur droit constitutionnel. Ne nous trompons donc pas de cible. Je formule les mêmes souhaits à l’endroit de notre justice et sollicite son impartialité (…) », a-t-il demandé avant de conclure : « Il ne saurait y avoir d’élections législatives au pays de GBEHANZIN, KABA, BIO GUERA sans l’opposition. Ensemble dans la cohésion nationale et dans un sursaut patriotique, gagnons le pari d’un parlement inclusif pour garantir la Stabilité, la Paix et l’avenir radieux de notre Patrie commune, le Bénin »