Culture

Rwanda: le Gukuna, une tradition secrète du plaisir sexuel féminin intime au mariage

Le Gukuna est une pratique sexuelle traditionnelle propre au Rwanda et qui reste inconnue du grand public. Combattue par l’Église catholique, cette pratique subsiste et vise essentiellement à faciliter les premiers rapports sexuels d’une femme. Le documentaire d’Olivier Jourdain nous raconte cette tradition secrète du plaisir sexuel féminin dans sa production titrée  « L’Eau sacrée ».

« Il était une fois, au Rwanda, une reine terriblement frustrée par les guerres qui retenaient son époux loin de la chambre à coucher. Au point qu’elle dut se résoudre à faire appel à un serviteur pour la contenter. Craignant des représailles du monarque, ledit serviteur approcha son pénis tremblant du clitoris de la reine, provoquant aussitôt un royal jaillissement. Le kunyaza était né et n’allait pas tarder à se répandre au pays des Mille Collines. Selon l’une des nombreuses variantes de ce conte populaire rwandais, cet épisode aurait même donné naissance à l’immense lac Kivu », a révélé le documentaire d’Olivier Jourdain, « L’Eau sacrée » disponible en DVD depuis le 11 décembre 2017 et sous-titré en huit langues, dont le français.

 

En effet, le Gukuna est une pratique discrète, voire secrète au Rwanda. C’est une préparation physique aux premiers rapports sexuels. La tante paternelle est la gardienne de cette coutume qui consiste en des massages intimes et qui doit favoriser l’éjaculation féminine. Le gukuna était autrefois si important qu’un mariage pouvait être annulé s’il n’avait pas été fait dans les règles de l’art, au même titre qu’un défaut de virginité. A cet effet, une question nous taraude l’esprit. Comment faire le gukuna dans les règles de l’art ?  

Le documentaire d’Olivier Jourdain nous explique mieux le processus de cette pratique dans son récit :

« C’est à l’époux que revient ensuite de pratiquer le kunyaza : en principe assis face à sa compagne, il utilise son sexe pour lui tapoter le clitoris jusqu’au fameux jaillissement d’un liquide qui n’est pas de l’urine, en dépit de la signification littérale de kunyaza (« faire pisser »). L’éjaculation féminine est, en réalité, traditionnellement recherchée lors d’un rapport sexuel au Rwanda : elle est signe de fertilité, d’épanouissement et de bonheur conjugal. Ceux qui l’ont vécu en gardent souvent un souvenir ému, voire lyrique. « Un kunyaza réussi provoque un jet, témoigne un partisan de cette technique. Certaines femmes s’épanouissent au point de pousser des cris qui font sourire tout le voisinage. Les amants sont parfois comblés quand le liquide dessine un cœur sur leur lit d’amour. »

Le sexe « à la rwandaise », dit-il, est un motif de fierté et de plaisanterie entre amis. Peu de femmes en parlent toutefois devant des hommes, ce qui rend les témoignages recueillis par Jourdain exceptionnels.

Revenant sur l’actualité il estime qu’aujourd’hui, la prévalence du gukuna est difficile à estimer. Certains affirment que la pratique connaît une renaissance en dépit de l’hostilité des prêtres catholiques. « Le clergé assimile le gukuna à de la masturbation entre filles et donc à un péché », explique Michela Fusaschi, chercheuse italienne qui a beaucoup travaillé sur le sujet. « En réalité, même s’il peut y avoir du plaisir, ce n’est pas l’objectif. C’est même assez douloureux, les premières fois ».

 

 

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