Le gouvernement marocain a décidé de rétablir le service militaire obligatoire d’un an pour tous les jeunes de 19 à 25 ans, a annoncé un communiqué officiel. Le rétablissement de la conscription, douze ans après sa suppression, vise notamment à améliorer « l’intégration dans la vie professionnelle et sociale » des jeunes, selon le communiqué officiel publié par le secrétariat du gouvernement.
Supprimé au Maroc fin août 2006, le service militaire obligatoire d’une durée de douze mois, concernait les hommes de 20-35 ans et était ouvert sur la base du volontariat et aux jeunes filles de 20-27 ans, célibataires et sans enfants à charge.
Rappelons que le service militaire avait été instauré le 9 juin 1966, soit dix années après l’indépendance du Royaume. Dans un décret instituant ce service, feu le Roi Hassan II avait évoqué les raisons de ce décret, notamment sa volonté de rendre « aptes » les Marocains « à prendre conscience des responsabilités qu’ils doivent assumer ».
Ce lundi 20 Août 2018, le projet de loi prévoyant son rétablissement a été présenté en conseil de gouvernement, puis adopté au cours d’un conseil des ministres présidé par le roi Mohammed VI.
La même source nous informe que cette mesure a été annoncée en même temps qu’une réforme de l’éducation qui prévoit de scolariser les enfants à partir de quatre ans, de rendre l’enseignement obligatoire jusqu’à seize ans (au lieu de 15 actuellement) avec un nouveau modèle pédagogique plus performant.
« Nous ne devons plus accepter que notre système éducatif fonctionne comme une machine à fabriquer des légions de chômeurs », a souligné le roi lundi soir dans un discours à la nation, en disant sa « consternation » face au taux du chômage élevé des jeunes « en dépit du niveau de croissance économique » – 4 % en 2017 contre 1,2 % en 2016.
Le chômage touche plus de quatre jeunes urbains sur dix, selon les données du Haut-commissariat au plan (HCP), l’institut national des statistiques.
Le Conseil économique et social marocain (CESE) a récemment publié une analyse qui nous informe que le décrochage scolaire concerne deux jeunes sur trois et que le taux de chômage moyen avoisine les 20 %. La moitié des jeunes qui travaillent occupent des postes à bas salaires et 75 % n’ont aucune couverture sociale.
Cette réforme de l’éducation vise essentiellement à « mettre en place des mécanismes garantissant l’accès de tous à l’éducation, de mettre fin à la déperdition scolaire et garantir la pérennisation de l’apprentissage en vue d’éradiquer l’analphabétisme », selon le communiqué.
Le projet de loi qui a été discuté lundi veut notamment « inciter à la pensée critique et à la créativité ».
Le texte doit encore être débattu au Parlement en octobre et la mesure inscrite dans le projet de loi de finances qui ne comprend actuellement aucune disposition en ce sens.