Société

Argentine : légalisation de l’avortement, suspendue au vote des sénateurs (Vidéo)

Ils étaient nombreux à fêter l’adoption du projet de loi autorisant l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) par 129 voix pour et 125 contre le 14 juin 2018. Pendant 30 heures de débats à la Chambre des députés, chaque parti, défenseurs et farouches opposants à la loi s’étaient affrontés. Cela fut un moment fort dans la vie politique argentine nous rapporte France 24.

Au sein de l’alliance conservatrice du président Mauricio Macri, comme dans l’opposition dominée par les péronistes, les discours passionnés donnaient à voir des lignes de fractures plus sociologiques (voire générationnelles) que politiques : Buenos Aires contre les provinces, tenants d’un catholicisme « de gauche » ouvert contre soutiens d’un catholicisme « doctrinaire » …

 

Après le vote historique des députés argentins en faveur du droit à l’avortement, le Sénat doit se prononcer ce mercredi 08 Août 2018 sur sa libéralisation. Le texte examiné au Sénat devra être voté à la majorité pour qu’il fasse force de loi et que l’avortement devienne légal et gratuit. . Les dernières estimations donnent l’avantage aux opposants à cette  loi.

Selon plusieurs médias argentins, 37 sénateurs sont contre, 31 pour. Seuls quatre sénateurs n’ont pas fait part de leur intention.

Pour Martina Ferreto, 26 ans, militante de la « Campagne nationale pour le droit à l’avortement légal, sûr et gratuit » (qui depuis 2005 organise manifestations et lobbying politique), les estimations des médias argentins sont inexactes. « Les chiffres changent chaque jour et certains sénateurs peuvent encore changer d’avis. Je suis certaine qu’il y aura une majorité en faveur de la loi ».

Le week-end dernier, les partisans de la libéralisation de l’avortement ont enregistré  une défection de taille, celle de la sénatrice péroniste du Rio Negro, Silvina García Larraburu, proche de Cristina Kirchner, au nom de ses « croyances personnelles ». En faisant passer ses convictions morales et religieuses avant la défense des droits des femmes, le choix de cette sénatrice appartenant à la gauche progressiste illustre bien la complexité de la question de l’avortement en Argentine. Ainsi elle anticipe un vote négatif, des sénateurs favorables à la légalisation ont proposé des amendements pour tenter de rallier quelques votes : abaisser de 14 à 12 semaines le délai pour pratiquer une IVG et introduire une clause de conscience pour les médecins et les établissements médicaux. Sans succès, ces amendements ont été rejetés en commission.

Après le vote des députés en juin, le débat sur l’avortement en Argentine n’a pas connu de trêve, bien au contraire. L’Église catholique romaine et les mouvements évangélistes ont à leur tour investi la rue. La couleur choisi par les partisans du ‘’OUI’’ était le vert et  leur symbole sur le foulard, mais les opposants à l’IVG ont choisi le bleu du drapeau national, et un slogan : « défendre deux vies » (celle de l’enfant à naître et celle de la mère).

Samedi, ils étaient des milliers dans les rues de Buenos Aires. « L’avortement est une pratique criminelle et non une politique de santé, comme on essaie de le faire croire », pouvait-on entendre. Une réponse aux partisans de la légalisation qui estiment que la clandestinité de cette pratique provoque chaque année la mort de dizaines de femmes.

En cas de vote négatif, quels scénarios possibles ?

Si les sénateurs rejettent le projet de loi libéralisant l’avortement, ses défenseurs devront attendre 2020 avant un nouvel examen du texte. Si il est adopté avec des amendements, alors la Chambre des députés devra à nouveau se prononcer.

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