Le redoutable single « Aka besoin an » du chanteur béninois Richard Flash et surtout sa première phrase » Ton corps, a-t-il gardé les empreintes, de tous nos moments défendus ? restera toujours gravée dans la mémoire de l’écrivain camerounais vivant au Bénin Colince Yan.
Il a fait des confidences sur le single le samedi 12 mai 2018 sur sa page Facebook. Ceci fait suite à sa rencontre avec l’artiste Richard Flash à l’institut français de Cotonou le vendredi 11 mai 2018 lors d’un concert de Slam & Musique.
Voici les confidences de Colince Yan
Cotonou, ce 12 mai : << Ton corps, a-t-il gardé les empreintes, de nos moments défendus ? >>
Hier 11 mai, à l’Institut Français, pour suivre un concert de Slam & Musique. Suis aux premières loges. À côté de moi, une Béninoise en pagne, qui a botté en touche toutes mes techniques d’approche, repoussé tous mes assauts donjuanesques et est restée insensible, des mois durant, à tout mon arsenal de séduction. Et là, sur le siège devant moi, une icône, une star de la musique, une vraie : Richard Flash !
Ah, ce Richard Flash ! Plus qu’un artiste, le fil conducteur, musicalement parlant, de ma plus belle histoire d’amour. J’y reviens…
Je ne parle presque jamais de moi sur les réseaux sociaux. Nombreux sont ceux qui m’ont décerné sans m’avoir jamais rencontré, le prix Nobel de l’ivrognerie. Aucun d’eux ne m’a jamais vu saoul. Nombreux sont ceux qui vous jureront que Béninoise en pagne et moi… Lol ! De quoi j’essaye même de me justifier ?! A ka besoin an ?
Nonobstant tout ce que je débite à longueur de journée sur la toile, je ne parle presque jamais de moi du monde réel, dans ce monde virtuel.
En ce jour particulier, 12 mai, je veux bien faire une exception. Et parler de moi, d’elle, d’elle et moi. De ce que fut nous deux. De nos deux corps qui se séparent dans la rivière du temps qui passe. De deux êtres qui se sont dit adieu quand il fallait se retenir. De la passion du verbe aimer… Pschitt ! Je veux parler de moi, et Garou ( l’adieu) m’embrouille avec les paroles de sa chanson.
Elle ! Ça faisait un moment qu’on était ensemble, à vivre d’amour et d’eau fraîche. Elle ne me demandait jamais rien. Ce qui ne m’empêchait pas de me sentir honteux. Je lorgnais une occasion pour essayer de me rattraper, pour me donner bonne conscience. Étudiante à Gasa formation, elle passait le BTS, en 2009. L’occasion que j’espérais.
J’ai cassé ma tirelire et j’ai mis 25mil francs dans une enveloppe. Le lundi du démarrage des examens, je lui ai remis l’enveloppe :<< Tiens ! C’est pour le transport, pendant les trois jours que dureront tes compositions…>> Elle a pris l’enveloppe, a ouvert, a pris connaissance du contenu… Et elle a éclaté de rire : << Colince !!! Je vais faire quoi avec tout cet argent ?!!!>> Puis, elle a pris un billet de dix mille, m’a retourné le reste et m’a embrassé…
À Cotonou, en plein 21ème siècle, une jeune fille qui réfléchit encore ainsi ? Chacun se fera son idée de la perle rare que la providence avait mis sur mon chemin. Mais chaque médaille a son revers…
Elle est Béninoise. Je suis Camerounais. Elle a passé le plus clair de son temps à essayer de prouver à son entourage que je suis différent, que je suis quelqu’un de bien, que je ne la laisserais pas tomber. Et ces copines, ses copines, qui aimaient lui demander sur un ton plein de sous-entendus : << Et Colince ? >> Et ma chérie, qui leur répondait sur un air de défi, sans jamais se départir de sa bonne humeur : << Il est TOUJOURS là ! >>
L’autre vérité c’est que ma chérie avait, hélas, un rêve d’enfant, un rêve d’Amérique, son rêve américain : partir aux états-unis. Sa détermination a fait le reste…
Chacun a son 11 septembre. Un jour de septembre 2011, ma chérie a réalisé le rêve de sa vie : un vol aller simple, destination, Chicago !
A partir de ce moment, la distance a essayé de faire son œuvre. Mais un génie eût la merveilleuse idée de mettre au point Skype. Skype vidéo ! J’ai rien dit, tout le monde a tout compris…
Faire l’amour virtuellement, ce n’est pas rien. Mais ce n’est pas réel. En 2014, elle est revenue à Cotonou. pendant plus de deux mois, nous avons essayé de rattraper le temps perdu. Elle est repartie, parce que désormais citoyenne américaine. Nous avons essayé de braver la distance, les préjugés, les procès d’intention. Nous avons fait ce que nous avons pu…
Mais ce sera trop facile de dire que l’enfer c’est les autres. La vérité c’est que le rêve d’Amérique était un rêve d’enfance, son rêve à elle, pas le nôtres. Je n’ai jamais rêvé d’Amérique. Jamais ! J’ai d’autres rêves. Plus que tous mes propres rêves, je rêve de la voir heureuse, elle le sait.
Aujourd’hui, je ne sais pas qui embrase ses nuits, elle ne sait pas qui m’embrasse quand je m’ennuie. Je sais juste que Richard Flash a été le complice sonore de nos moments de corps à corps, de nos instants de zouk. Et même le support de nos cours de langue fongbé, elle l’institutrice, moi l’apprenant. << Il n’y a que toi bébé, qui sait comment me tenir. Pourquoi veux-tu me lâcher… >>, la suite du refrain est en fon, et elle aimait traduire, pendant que nous zoukions. Et chaque fois, je lui répondais : » A ka besoin an ? ». Et elle riait. Et le titre passait. Venait ensuite Wendia, un autre titre, du même Richard Flash. Et je fredonnais, dans ses oreilles : » Je voudrais te dire bébé je t’aime, et le répéter 100 fois par jour, toute la semaine… » Et après, il se passait… Que je fasse un dessin ?
Après coup, comme la musique n’arrêtait pas de dérouler, le même artiste, un autre titre, je réalisais alors qu’il y a rien de plus beau que d’écouter Zékèmi de Richard Flash après une rugueuse partie de jambes-en-l’air avec celle qui sait faire battre ton coeur mieux que quiconque.
Ah, est-ce que ce Richard Flash sait seulement tout les moments de bonheur que je lui dois ?!
Mais il y a meilleur souvenir. Là aussi, c’était un 11 mai, en 2010, je crois. J’ai appelé Rosine, cousine et meilleure amie de ma chérie. Je lui ai remis de l’argent et nous avons convenu d’un plan. Le même jour, Rosine a appelé ma chérie et lui a dit :<< Stp, accompagne moi. Tu as du goût et je veux que tu m’aides à choisir le pagne vlisco que je veux m’acheter. >> Ce qui fut fait. Ma chérie est fan du pagne ( c’est elle la source d’inspiration de l’expression Béninoise en pagne…) comme je suis fou du Real de Madrid.
Une fois chez elle, ma chérie a passé toute la soirée à décrire le joli pagne Vlisco que Rosine avait acheté… Le lendemain, 12 mai, ses soeurs lui ont remis un paquet en disant : << Colince est passé laisser ça pour toi. >> Elle a ouvert, a reconnu le pagne qu’elle avait aidé Rosine à acheter la veille. Et elle a compris. À côté du pagne, il y avait une carte sur laquelle j’avais écrit : » Joyeux anniversaire, mon Ange ! » ( Angeline, elle s’appelle). Ayant vu tout cela, elle fondit en larmes…
Aujourd’hui, 12 mai, je ne sais pas encore quoi lui dire, pour lui souhaiter HBD. Je cherche l’inspiration, en écoutant du Richard Flash : << Ton corps, a-t-il gardé les empreintes, de nos moments défendus… >>
Colince Yann, Cotonou, 12H…, un 12 mai. Mais..