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Bénin : l’émouvant message  du journaliste Alban Codjia à l’artiste comédien Hervé Wegbome.

Au Bénin, l’univers culturel est jonché de talents. C’est ce qu’a reconnu ce 09 janvier 2018 le journaliste et réalisateur béninois Alban Codjia. C’est à la faveur d’un émouvant message qu’il a adressé au Journaliste, Réalisateur , Comédien ,Conteur ,Percussionniste, à Gangan production  Hervé Wegbome. Il s’agit d’un hommage mérité à un amis qui a de talent.

Selon Alban Codjia, son ami Hervé Wegbome est une perle rare. C’est pourquoi après avoir raconté leur parcourt et les détails de son ascension, Alban Codjia est revenue sur les peines et les joies des bonnes et mauvaises notes.  » A cette époque, nous papotions. Nous avions des rêves. Nous parlions avenir. Mais le tien se dessinait déjà. Tu étais déjà la star du collège » a t-il reconnu. Aussi, rappelle t-il que son encadreur de l’époque, Patrice Toton était peu loquace. A l’en croire, retranché dans un angle pour mieux observer le résultat des répétitions, on lisait en lui la satisfaction d’avoir déniché un talent qu’il avait du plaisir à façonner.

« Aujourd’hui ton art de conter, ton art d’interpréter, ton art de jouer, le tout dans une de ces rares symphonies qu’il était possible de retrouver dans un seul corps, le tien, traverse l’océan, parcourt les scènes du monde » fait-il remarquer avant d’écrire  » au théâtre, tu as joué. Au cinéma, tu as joué pour faire exister encore le Bénin ».

Lire l’intégralité de son message…

Hommage à un ami qui a du talent

A toi, Hervé, notre perle
Au début, nous nous croisions à Yénawa (le marché du soir). Tu habitais la rue du marché et moi une rue plus loin. Plus tard, lorsque les premiers blocs de pavés ont remplacé le tronçon sablonneux et généreusement boueux en temps de pluie qui allait de Fifadji à Fin Goudron (Actuel carrefour Total ou MRS), nous faisions chemin ensemble pour nous rendre au Collège Sainte Rita. Nous avions fait classe, et connu ensemble les peines et les joies des bonnes et mauvaises notes. A cette époque, nous papotions. Nous avions des rêves. Nous parlions avenir. Mais le tien se dessinait déjà. Tu étais déjà la star du collège. Patrice Toton, ton encadreur de l’époque, était peu loquace.

Retranché dans un angle pour mieux observer le résultat des répétitions, on lisait en lui la satisfaction d’avoir déniché un talent qu’il avait du plaisir à façonner. Que ce soient sur les paroisses de l’église du Christianisme céleste de Wologuèdè ou de Sikecodji, l’on parlait de toi comme le meilleur interprète du rôle de Bokonon jamais vu. Aux différents concours de théâtre inter collège, Paulin (Kintonou), Constantin (Kpatènon) et Brice (Vissoukpo), tes compères et toi firent l’honneur de ramener à plusieurs reprises le trophée à notre collège.
A l’université, certains de nos camarades de banc se plaignaient auprès de moi. Ils voulaient te voir, t’asseoir et prendre les cours ; en un mot être assidu tel un enfant de chœur lors des offices du prêtre. Pour ma part, j’avais compris depuis les premières lueurs de l’aube que le créateur de toutes choses ne t’avait pas façonné uniquement pour des cours. Ton destin pour moi s’écrivait plutôt sur les planches. Et c’est alors que je te vis côtoyer les plus grands : Philémon Hounkpatin, Brice Bonou, Orden Alladatin, Marcel Orou Fico, Florent Eustache Hessou, Claude Balogoun, Erick-Hector Hounkpè, Simplice et Arnold Behanzin, Jean-Pierre Zinko sans oublier ton ami de toujours Patrice Toton. En ce moment-là, tout me revînt. Nos discussions, nos envies.

Comme le dit si bien Jean Pliya dont nous avons tous les deux décortiqué le roman à l’école, « c’est au bout de l’ancienne corde que l’on tisse la nouvelle ». La nouvelle corde était tissée. Le comédien mais surtout le conteur est né, passionné, engagé, disponible pour les causes nobles : la défense de la vraie image de l’Afrique d’aujourd’hui à travers ton spectacle KAN HOHO NOU, celle de l’eau à travers le spectacle SIN LIHO, l’histoire du monde ; le devoir de mémoire au sujet de l’implication des tirailleurs sénégalais dans la guerre 14-18 à travers le Spectacle PARENTHESE et les problèmes de la jeunesse africaine qui défient quotidiennement les déserts et la méditerranée à travers ton Spectacle TRAVERSEES ! La lutte contre la traite des enfants, à travers TRAFIC D’ENFANCE et DERIVE DE REVE ou encore Les Contes De BAÏ, MA GRAND-MÈRE, etc… Je ne parle plus des nombreux autres rôles que tu as interprétés dans plusieurs spectacles de plusieurs Troupes et compagnies béninoises : Les Muses du Bénin, le Théâtre Wassangari, Ori Théâtre, la Compagnie Sèmako Wobaho …
Tu n’es peut-être pas le comédien que l’on retrouve au coin de la rue, où tous les week-end sur les scènes du centre culturel français aujourd’hui institut français du Bénin. Mais tu es l’un de ceux qui sans tambour ni trompette, portent les valeurs du continent au-delà des frontières à travers tes spectacles au service des enfants du monde. Ton aventure théâtrale au-delà des frontières béninoises a commencé en 2004 avec un projet contre le trafic des enfants. En France, en Belgique, au Burkina Faso, au Niger, au Togo etc. et de façon assidue depuis 2011, tu fais tous les ans des tournées de trois mois dans les 4 points cardinaux de la France, promouvant la Culture béninoise en comédien solo dans plus de cinquante villes à chaque fois. Sans aucun soutien de l’Etat béninois, tu totalises à toi tout seul, plus de 522 Représentations Théâtrales en France. De mémoire d’Artistes béninois, si ce n’est pas un Record, ça ne doit pas en être loin…
Aujourd’hui ton art de conter, ton art d’interpréter, ton art de jouer, le tout dans une de ces rares symphonies qu’il était possible de retrouver dans un seul corps, le tien, traverse l’océan, parcourt les scènes du monde. Le diseur d’aventures doublé de l’improvisateur que tu es, égaye ailleurs des cœurs pour rectifier ensemble avec tes aînés, l’image de cette Afrique où tout n’est que pleurs et gémissements. Au théâtre, tu as joué. Au cinéma, tu as joué pour faire exister encore le Bénin.
Bravo l’artiste.

Alban CODJIA, l’un des premiers à croire en toi

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