Riez bien de tout, de toutes les injustices, de toutes les brimades. Mais sachez que quand un homme est injustement emprisonné, humilié, brimé, opprimé; sa douleur et la douleur de tous les siens sont ensemble une puissante âme qui souffre, qui pleure.
C’est la mère au coeur dévasté qui pense avec rage à la douleur de l’enfantement; la douleur de l’enfant né de ses transpirations, de ses contractions, dans les larmes, les cris et du sang.
Ce sang aussi crie justice.
Un homme opprimé, injustement jeté dans les geôles, c’est l’épouse; son épouse vidée de toute énergie, remplie de dégoût et livrée à la solitude, en larmes devant la vaisselle, en larmes faisant la lessive, en larmes à la cuisine, en larmes à la salle de bain, la tête emplie d’idées folles et le cœur enflammé.
Un homme injustement emprisonné, ce sont ses enfants, parmi lesquels des mineurs, qui passeront Noël à pleurer le parent absent; qui traversent les jours, les mois, les années avec angoisse; cherchant dans le ciel étoilé un signe de l’existence de Dieu.
Malheur aux nations dont les gouvernants sont une association de malfaiteurs!
Malheur aux nations dont les citoyens insouciants applaudissent les bourreaux!
La colère du Dieu vivant remue; et le moment vient où elle dévalera en vagues successives sur les malfrats, leurs ascendants, leurs descendants, les témoins passifs, les complices silencieux, et la foule des spectateurs joyeux qui applaudissent la “mise à mort” des justes, le massacre des innocents.
Malheur à nous, acteurs, auteurs, spectateurs du mal qui s’enracine, qui jaillit, qui prolifère, qui gouverne.
Fusillez METONGNON et que son sang se répande sur vos enfants!
Torturez André ASSÈ et que ses larmes servent de bouillon à votre descendance.
Mais sachez-le: Dieu ne voit pas cela d’un bon oeil.
Le temps n’est pas loin où sa colère montera comme une vague enragée et se déversera sur Talon et sa famille, Djogbénou et sa famille, Koupaki et sa famille, Bio Tchané et sa famille, Toboula et sa famille.
Sauf si le Ciel est vide. Sauf si Dieu n’existe pas. Sauf si le monde entier, terres, océans et cieux étaient aux mains exclusives du diable et ses ouvriers.
J’ai le triste destin d’appartenir à un pays gouverné par une association de malfaiteurs et je porte plainte devant Dieu.
Constantin AMOUSSOU