Au Burkina Faso, le procureur près la chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Ouagadougou a requis hier jeudi 27 juillet 2017, un an de prison avec sursis contre un journaliste pour «diffamation» sur des magistrats. Il s’agit du journaliste Lookman Sawadogo accusé de ‘’diffamation’’ sur des magistrats, membres de la commission d’enquête mise en place par le Conseil supérieur de la magistrature.
En effet, le journaliste aurait publié en avril 2017 sur la page Facebook de son journal ‘’Le Soir’’ dont il est le directeur de publication, un écrit mettant en doute la probité d’un des membres de la commission d’enquête mise en place par le Conseil supérieur de la magistrature qui enquêtaient sur des cas de corruptions au sein des magistrats.
Un cocktail de sanctions…
Le procureur a requis une peine de 12 mois de prison ferme et une amende de 300 000 FCFA contre Lookman Sawadogo. Pour rappelle, M. Sawadogo, dont le journal ne parait plus depuis plusieurs mois, pour d’autres raisons, publie régulièrement des informations sur la page Facebook de son quotidien qui, entre temps paraissait tous les après midi.
Le journaliste Lookman Sawadogo plaide non coupable…
Devant le juge, le journaliste Lookman Sawadogo a plaidé non coupable. Aussi, a t-il expliqué qu’il voulait, via l’écrit incriminé, attirer l’attention des membres de la commission sur l’intégrité qui doit régir la magistrature. La partie plaignante et la défense se sont heurtées sur la qualification des faits. Toutefois, les avocats de la défense estiment que les faits incriminés sont dans le registre des délits de presses alors que le Burkina a adopté une loi dépénalisant ces délits.
« Les réseaux sociaux ne sont pas des organes de presse en ligne, donc le droit de la presse n’est pas applicable, en lisant l’écrit de monsieur Sawadogo, il était clairement dit qu’un des membres de la commission est coupable de corruption et que la commission s’emploie donc à ne pas donner suite à cette affaire », argumente maître Guy Hervé Kam, l’un des avocats des plaignants.
« Nous avons démontré clairement que monsieur Sawadogo Lookman est un journaliste, on ne peut pas lui appliquer le Code pénal qui est une règle générale qui ne peut pas s’appliquer quand il y a une règle spéciale qui régit la matière. Même dans le fond, il n’y a rien, même le président de la commission lui-même l’a répété, qu’effectivement l’un d’entre eux a été visé par une plainte. Le parquet, les plaignants ont tous reconnu que cette information était exacte » a précisé Christophe Birba, l’un des avocats de la défense.
De leur côté, les avocats des plaignants, fustigent cette conception de délit de presse. Pour eux, l’écrit incriminé n’a jamais été publié sur le site Web du journal, mais plutôt sur la page Facebook. Pour l’heure, l’affaire a été mise en délibéré pour le 10 août 2017.