Pour commencer, Il n’était pas très bon en maths…
La vie extraordinaire du cardinal vietnamien Francis Xavier Nguyen Van Thuan mérite d’être mieux connue, particulièrement son grand amour pour l’Eucharistie (la présence réelle du Christ, corps et sang, sous les apparences, les « espèces », du pain et du vin, Ndlr). Emprisonné par le régime communiste pendant treize ans (dont neuf passés à l’isolement), il exerça son ministère tout au long de cette épreuve. Comme l’écrivait récemment le diacre Greg Kandra (contributeur d’Aleteia US installé à Brooklyn), Mgr Van Thuan avait droit à « un véritable luxe » : écrire des lettres à ses amis hors de la prison. Et lorsqu’il le faisait, il leur demandait souvent de lui envoyer ce qu’il appelait « son remède ».
Ils savaient bien ce qu’il voulait dire par-là. Ils lui envoyaient alors des bouteilles de sirop pour la toux remplies de vin et des petits morceaux de pain. Des gardiens compatissants lui firent passer du bois et du fil de fer dont il fit une croix qu’il cacha dans une barre de savon.
Il gardait tout cela dans une boîte en carton. Cette boîte devint son petit autel personnel. Tous les jours, à 15 heures, l’heure de la mort du Christ, il versait quelques gouttes de vin dans la paume de sa main qu’il mélangeait à de l’eau, et célébrait la messe.
Le plus grand miracle de l’Histoire pouvait alors avoir lieu. La cellule exigüe devenait aussi belle et aussi sainte qu’une cathédrale, un sanctuaire à la gloire de Dieu. Il fit cela pendant treize ans.
Dans une allocution qu’il prononça en 2000, le cardinal Van Thuan déclara : « J’ai rencontré le Jésus vivant. Il m’a fasciné et je l’ai suivi… parce que j’aime ses défauts. » Le texte de son discours se trouve dans un de ses livres, Sur le chemin de l’Espérance (Sarments, 1991).
Premier défaut : Jésus a une mauvaise mémoire
Lors de son agonie sur la croix, Jésus entendit la voix du malfaiteur à sa droite : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » (Lc 23, 42) Si ça avait été moi, j’aurais répondu : « Je ne t’oublierai pas mais avant il faut que tu payes pour tes crimes pendant vingt ans au purgatoire. »
Jésus, lui, répondit : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. » Jésus avait oublié tous ses péchés…
Non seulement Il pardonne, mais Il pardonne tout.
Deuxième défaut : Jésus n’est pas bon en maths
Si Jésus passait un examen en mathématiques, Il échouerait à coup sûr. Un berger avait 100 brebis, l’une d’entre elles s’égara. Sans réfléchir, le berger partit à sa recherche, abandonnant les 99 autres. Quand il retrouva la brebis perdue, il la mit sur ses épaules. (Lc 15, 4-5) Pour Jésus, 1 = 99 et peut-être même plus…
Troisième défaut : Il ne brille pas en matière de logique
Une nuit, une femme ayant 10 pièces d’argent en perdit une. Elle alluma donc une lampe pour essayer de la retrouver. Quand elle remit la main dessus, elle invita ses voisines et leur dit : « Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue ! » (Lc 15, 9) Or cette petite fête avec ses voisines lui coûta probablement plus qu’une pièce d’argent. À nos yeux, ce n’est pas logique ! Et pourtant, « il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit ». (Lc 15, 10)
Quatrième défaut : Il prend trop de risques
Qu’il s’agisse d’un chargé de communication pour une entreprise ou un politicien cherchant à se faire élire, le principe est d’établir un programme très précis plein de promesses. Jésus, lui, ne promet que des épreuves et des persécutions pour ceux qui le suivent. Il nous avertit que « le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête ». (Mt 8, 20)
Il envoie les apôtres en mission sans le sous et sans vrai plan préalable. Comme s’ils devaient simplement compter sur la Providence, ou quelque chose comme ça.
Cinquième défaut : Jésus est un très mauvais directeur financier
Si Jésus était directeur d’une entreprise, ses affaires tourneraient court puisqu’Il payerait au salarié arrivant l’après-midi le même salaire qu’à celui commençant tôt le matin. Et Il le ferait à dessein. « Prends ce qui te revient et va-t-en. Je veux donner au dernier venu autant qu’à toi. […] Ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » (Mt 20, 14-15)
Où les défauts de Jésus trouvent-ils leur source ? Dans l’Amour. Car Il est un Dieu de miséricorde, Il est l’Amour incarné. L’Amour de Dieu (Jn 1, 4-16). Il ne s’agit pas d’un amour rationnel, calculateur et conditionnel, il s’agit d’un amour qui se donne, qui sert, qui comprend et qui pardonne, à l’infini. Oui, à l’infini !
Les défauts de Jésus, nous enseignait le cardinal Van Thuan, sont un chemin vers le bonheur.
Source: Aleteia.org